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162 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. c'est Phylax, celui à qui l'on doit les chefs-d'œuvre qu'un autre prend seulement la peine de signer. Malheureusement, l'élève est devenu amoureux de son mo- dèle, et quand il voit la foule acclamer, devant la statue, le nom de Chrysophante , et la danseuse récompenser le sculpteur par le don de son amour, le pauvre élève devient fou. Il s'enfuit dans les montagnes, crée une œuvre plus belle que tous ses précédents ouvrages, revient et meurt sans avoir joui de sa gloire. On prétend que tout n'est pas de fantaisie dans cette his- toire, et que pareille chose se voit parfois de notre temps. Le dernier chef-d'œuvre de Phylax existe encore, mais mu- tilé ; on le connaît au Musée d'Arles sous le nom de : tête sans nez. La chèvre d'or est un conte fantastique, où les Sarrasins sont amenés pour que les Arlésiens aient quelqu'un à combattre et à haïr. Tout autre ennemi aurait rempli le même objet. La pein- ture des mœurs de l'époque et l'intérêt laissent quelque chose à désirer. Même critique pour Jeanne Dalcyn, ou Arles au moyen-âge. Izane, ou Arles contemporain est, sous tous les rapports, su- périeur à ces deux morceaux. Des chapitres vigoureusement écrits, des tableaux bien colorés rachètent ce qu'il y a de vide dans bien des pages. Écrivain de l'École moderne, M. Jules Ca- nonge abuse du style, et, comme le héros d'un romancier cé- lèbre, il fait scintiller sa phrase, miroiter sa période : « emprun- tant au ciel son azur , à la peinture sa palette , à l'architecture ses fantaisies, à l'amour sa lave, à la jalousie ses poignards, à la vertu son sourire, aux passions humaines leurs tempêtes. » Plus de rapidité dans la marche des faits, plus de simplicité dans le style, moins d'amour pour la forme aux dépens du fond donneraient à ce livre une plus haute valeur littéraire. Tel qu'il est, Arles en France serait un modèle dangereux à mettre entre les mains des jeunes gens qui veulent écrire, et nous croyons que ce genre ne doit pas avoir d'imitateurs. Un écrivain que nous avons nommé en commençant, et qui a plus d'un rapport avec notre auteur, disait, en 1845, dans le