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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 161 rien ou romaneier, M. Canonge ne pouvait pas mieux choisir. Arles est une ville belle et poétique. Plus fière de son passé que du présent, elle vit briller sa gloire au temps de Rome ; elle était alors une des lumières des Gaules ; ses richesses, sa puis- sance en faisaient une des reines de l'Occident. Ses fils portaient son drapeau sur tous les rivages, les étrangers l'appelaient la Rome des Gaules, et les empereurs y tenaient leur cour. Déjà • déchue, Arles fut envahie par les Sarrasins qui lui portèrent un coup funeste. Belle encore, elle vit passer les chrétiens qui al- laient en Terre-Sainte, puis elle s'endormit au spectacle des cours d'amour. Aujourd'hui elle ne s'éveille qu'au bruit des ferrades et des courses de taureaux. Ces faciles plaisirs lui suf- fisent comme une navigation peu lointaine suffit à ses vaisseaux. M. Jules Canonge nous présente Arles à quatre époques et sous quatre aspects : Arles au temps de la puissance de Rome, • au temps des Sarrasins, à la fin du moyen-âge et de nos jours. Quatre Nouvelles servent- de cadre à ses tableaux. Phijlax le Modeleur nous montre la civilisation brillante et corrompue du Bas-Empire. Un sculpteur célèbre copie, avec une rare perfection, tous les chefs-d'œuvre de la statuaire anti- que. Grâce à lui, les temples, les théâtres sont peuplés des plus belles statues ; mais ce ne sont que des copies ; Chrysophante possède l'habileté qui exécute, il n'a pas le génie qui conçoit. Tout à coup aux critiques de ses ennemis , à ceux qui le jalou- sent et qui l'envient, Chrysophante répond en livrant des statues belles comme l'antique et de la plus incontestable originalité, il se fait voir sous un jour nouveau, il crée aussi ; Arles possède un des plus grands génies que la sculpture ait enfanté. La gloire de Chrysophante n'est égalée, dans Arles, que par celle de Cirté la danseuse. Le peuple est ravi toutes les fois que la brillante courtisane paraît sur le théâtre. Un décret des magis- trats ordonne au sculpteur de faire la statue de Cyrté. Depuis ce décret, on voit au théâtre un pauvre et jeune artiste suivant des yeux tous les pas de la danseuse, étudiant ses poses et son visage, et se glissant ensuite dans l'atelier de Chryso- phante. C'est Phylax, un élève dont le maître exploite le génie ; 11