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DE LA COLONIE GRECQUE DE LYON. 137 contre toute vraisemblance que j'ai avancé que les Grecs com- merçaient dans la Gaule avant les Romains et qu'en particulier ils avaient formé un Emporiwm ou établissement à Lyon. Je croyais cependant, dans ma dissertation, avoir donné ꧣ rai- sons assz fortes pour justifier la vraisemblance de mon opinion aux yeux des savants et des érudits, au nombre desquels je me garde bien de ne pas ranger M. Roget de Relloguet. Mais puis- qu'il les trouve de toute invraisemblance, appuyons-les de nou- velles raisons et de preuves qu'il puisse trouver fortes et pé- remptoires, ce que je souhaite, il est vrai, plus que je ne l'espère. Les Grecs commerçaient-ils dans la Gaule avant les Romains ? Oui, si nous pouvons le prouver par les témoignages d'auteurs contemporains à cette conquête, ou postérieurs de peu de temps à cette conquête. Voyons d'abord le témoignage du conquérant lui-même. César, dans ses Commentaires, livre I, nous parle de lettres écrites en caractères grecs, trouvées dans le camp des Helvétiens : In cas- tris Helvetiorum tabulée repertœ sunt litteris grœcis confectœ. Au vie livre, il nous montre les Druides se servant des mêmes caractères grecs dans leurs actes publics et dans leurs contrats particuliers. Citons le texte {.Druides).... In reliquisjere rébus publicis privatisque rationibus litteris grœcis utuntur[\). Or, je demanderais comment les caractères grecs ont-ils pu pénétrer dans l'intérieur de la Gaule et même dans le pays reculé des Hel- vétiens, s'ils n'existait pas déjà avant la conquête des rapports entre les Grecs et les peuples gaulois (2)? Mais comment ces rap- ports ont-ils pu s'établir, si ce n'est par le commerce et par l'échange des marchandises ? Sans aucun doute, ce n'étaient pas (i) StraboD assure la même chose au livre IV. Voyez, à ce sujet, la note de Casaubon, qui est d'avis que Strabon parlait d'un temps antérieur à la conquête ; p. 2?3, note 5, tome I de l'édition d'Amsterdam, 1707. (2) Duclos prétend que les Gaulois reçurent des Phéniciens leurs carac- tères identiques avec ceux des Grecs. Mais il n'a pas fait attention que les caractères phéniciens sont différents des caractères grecs, et n'ont presque aucun rapport avec eux. (Voyez sa dissertation : Mémoires de l'Académie des Inscriptions, tome XV, p. 56g.