Revue du Lyonnais » série 2 - n°2 ( 1851 ) » pp.135

                         SUR J.-J.-P. GAY.                       135

  probation du Conseil des bâtiments, mais la vie de l'architecte
  manqua à l'exécution. Nous citerons encore comme type du goût
  et de la manière de M. Gay, la restauration du chœur de l'église
  de Saint-Just. Un vaste cintre antique, soutenu par quatre
  colonnes, couronne l'autel d'un beau style antique, exécuté en
  marbre blanc. L'effet en est majestueux et pittoresque. Le chœur
  se rattache adroitement à l'ancienne architecture de la nef, et
  forme un ensemble harmonieux qui donne à l'édifice de la gran-
  deur^! de la majesté.
    Il est à regretter que l'auteur de cette restauration n'ait pas
  obtenu la construction complète d'une basilique chrétienne;
 c'était un des projets qui plaisaient le plus à sa pensée et les
 arts auraient un monument moderne digne peut-être des anciens.
 Ils doivent encore à sa féconde imagination un grand nombre de
 dessins, de médailles et de jetons, dont les emblèmes et les de-
 vises attestent à la fois l'homme d'esprit, le savant et l'artiste
 ingénieux. La dernière de ses compositions fut pour les notai-
 res de Trévoux : il s'en occupa sur son lit de douleur ; sa main
 paralysée ne pouvant plus tenir le crayon, un de ses élèves la
 dessina sous sa dictée, ainsi qu'une pierre tumulaire, et son ins-
 cription, dans le goût antique, pour la mère de son médecin,
 dont il apprit la mort peu de jours avant d'expirer lui-même.
 Enfin, il succomba le 16 mai 1832, à l'âge de cinquante-sept
 ans, à la suite d'une maladie longue et douloureuse. Sa fin a
été celle d'un chrétien pénétré des vérités de la foi et d'une pro-
fonde résignation. Ses amis, les artistes, et la chambre des ar-
chitectes, dont il était le secrétaire, ont rendu les tristes et der-
niers devoirs à sa dépouille mortelle, jusqu'au cimetière qu'il
avait fait tracer autrefois. On trouvera son nom caché dans un
des ornements de la porte, et gravé par la reconnaissance de
l'artiste auquel il en avait confié la sculpture. Etrange et rare
monument, que l'orgueil n'a point élevé, et qui sera longtemps
révéré par tous ceux qui furent associés aux travaux de l'homme
dont il rappellera la mémoire, car il fut désintéressé, généreux
et juste!...
                                       FLEURY RICHARD.