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130 NOTICE BIOGRAPHIQUE reddition de la ville. Les portes de la prison lui furent ouvertes, et la liberté lui fut donnée par les Républicains, comme à une victime du despotisme et de la tyrannie. Craignant néanmoins d'être dénoncé par quelqu'un des ouvriers qu'il avait employés à la construction des redoutes, il chercha à s'éloigner d'un lieu de terreur et d'abomination. Le hasard voulut qu'un représen- tant du peuple, envoyé dans le département de la Loire, passa à Lyon avec des lettres pour la famille de M. Gay. L'envoyé con- sentit à emmener avec lui le jeune ingénieur ; il l'employa à divers travaux publics, soit à Feurs, soit au Mont-Pilat, et de là à Monbrison, sous M. Vinay, ingénieur en chef. Il passa tout le temps de la tourmente révolutionnaire dans ces contrées, et re- vint aussitôt que l'orage fut apaisé. Il se rendit ensuite à Paris pour continuer ses études. M. Bienaimé, architecte distingué, à qui on l'avait recommandé, le reçut avec amitié. C'était un homme d'esprit, aimant les lettres, qui reconnut bientôt la capacité de son élève, et le voyant occuper ses loisirs à l'étude de la langue grecque, il voulut l'apprendre avec lui. Ce rapport de goût de- vint un motif d'émulation qui rendit bientôt M. Gay assez habile, et le mit en relation avec, les gens instruits qui le distinguèrent de la foule des étudiants. 11 obtint plusieurs médailles dans les concours particuliers de l'école d'architecture, dirigée alors par M. Leroy. Celui-ci le prit en affection, et ne tarda pas à l'engager à concourir au grand prix de Rome. C'était là toute l'ambition du jeune élève; mais, malgré son zèle et son assiduité au travail, malgré l'espérance dont ses amis l'avaient flatté, le succès ne couronna point son attente ; le prix fut décerné à son rival. Son premier mouvement de dépit le porta à une action blâmable ; il s'introduisit furti- vement dans la salle d'exposition du concours, sans doute pour mutiler les dessins de son adversaire ; mais il sut se vaincre, et il déchira les siens. Cette étourderie servit peut-être à le faire connaître ; on parla de lui, comme ayant éprouvé une injustice ; on vanta son ta- lent, son esprit, l'étendue de ses connaissances ; on lui demanda quelques dessins, etbientôtM. Denon, directeur des musées etdes