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DE LA VÉRITÉ SUR LE TOMBEAU DE NARCISSA, PRÉTENDUE FILLE D'YOUNG. Lorsqu'un de ces hommes laborieux et savants, dont la vie est une étude continuelle, vient jeter quelque lumière sur un fait historique embelli ou dénaturé par une fausse tradition, il est naturel de penser que la reconnaissance de tous les amis des lettres lui est acquise à juste titre. Cependant, il n'en est pas toujours ainsi ; car, lorsque l'erreur présente un côté séduisant, il se trouve certains esprits qui se déclarent ouvertement pour elle, et deviennent les ennemis de quiconque tentera, en les éclairant, de détruire leur douce il- lusion. Depuis un siècle, tous ceux qui ont lu les Nuits à " Young ont pleuré, avec ce malheureux père, au récit qu'il fait de la mort de sa fille chérie, Narcissa, enlevée, à la fleur de ses ans et à son heure nuptiale, sur une terre étrangère, dont les cruels habitants lui refusèrent une sépulture, et pour laquelle ce père au déses- poir fut obligé de creuser lui-même une fosse, la nuit, et dans un lieu écarté. Depuis un siècle, ce lugubre tableau, tracé avec un talent in- contestable, et dont chaque vers est empreint d'une douleur si