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80                                BIOGRAPHIE
 énergiquenient combattu ! L'amour des richesses et des honneurs fait si sou-
 vent oublier aux hommes les plus haut placés les saintes lois de la délica-
 tesse et de l'honneur! —Heureux, bien heureux ceux qui, comme Jean-
 François de Lapoype, savent se conserver purs et inébranlables dans leur foi
 politique ! Nous estimons et nous approuvons hautement l'homme que le rai-
 sonnement et le mouvement imprimé aux idées de son temps amènent à mo-
 difier ses opinions, mais nous ne saurions accorder nos sympathies, et encore
 moins notre estime à celui qui, pour un peu d'or, pour une place, ou pour
 un ruban, renie son dieu politique et vend son corps et son âme au pouvoir
 qui, hier encore, le comptait au nombre de ses ennemis les plus ardents.
    Enumérer les états de service de Jean-François de Lapoype, c'est rappeler
 au souvenir de tous l'une des pages les plus glorieuses de nos fastes militaires.
    Officier aux gardes-françaises à l'époque de la Révolution, Jean-François
de Lapoype fut nommé, en 1792, colonel du 100e régiment d'infanterie par
le roi Louis XVI sur la présentation de Servan, ministre de la guerre et
beeu-frère de Fréron. Il devint peu de temps après maréchal-de-camp. Ce
fut en cette qualité qu'il fut appelé à réprimer les mouvements séditieux
qui, à l'occasion de la cherté des grains, avaient si gravement compromis
la tranquillité publique à Chartres. Jl sut, dans cette circonstance, comme
toujours, merveilleusement allier ensemble les exigences souvent rigoureuses
de la justice avec la modération et les ménagements réclamés par l'humanité.
   Cette mission toute de confiance qu'il avait si heureusement remplie, l'a-
vait mis en évidence ; . aussi fut-il, immédiatement après son retour de
Chartres, désigné pour aller servir sous les ordres de Biron, en qualité de
chef d'état-major à l'armée de Nice. Ce fut dans les rangs de cette armée,
où il avait donné des preuves non équivoques de ses talents militaires que
vint le trouver, le i5 mai 179^, l'arrêté du gouvernement qui relevait au
grade de général de division.
   On sait que, général-commandant la division de l'est au siège de Toulon,
il obtint, pour prix de la conduite courageuse qu'il avait tenue devant
cette ville, qui est tout à la fois l'une de nos villes les plus fortes et l'un de
nos grands ports maritimes, et que la trahison avait livrée aux Anglais, une
mention conçue dansâtes termes les plus honorables et les plus flatteurs pour
lni, mention que la Convention, par un vote unanime et spontané, consigna
dans le procès-verbal de sa séance du 9 septembre 1793.
   M m e de Lapoype, femme courageus'e et dévouée, qui avait voulu prendre
sa part des périls qu'allait affronter son mari, fut faite prisonnière ainsi que
ses enfants aux portes de Toulon, et sous les yeux mêmes du général. La
municipalité toulonnaise prit aussitôt un arrêté par lequel elle rendait la