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76                   DE QUELQUES OUVRAGES
tir, je ne m'étendrai pas davantage sur ce sujet, certain de me
conformer en cela à la nature tout-à-fait intime et discrète de
l'ouvrage.
   On m'assure cependant que l'auteur des Délices de la cam-
pagne prépare une suite à cet ouvrage, si je puis donner ce nom
à une épitre d'un genre vraiment indéfinissable et qui n'a en-
core été classé dans aucune poétique connue. Je lisais tout-à-
l'heure dans une curieuse statistique des professions indus-
trielles, que de tous les hommes vivant d'un travail manuel, ce
sont ces robustes manœuvres, habiles à retirer des entrailles
de la terre les trésors que chacun y enfouit chaque jour , es-
pèce de gnomes que je n'ose appeler de leur nom véritable,
qui sont en réalité les plus attachés à leur triste profession.
— C'est bien le cas de dire qu'il y a des grâces d'état. Je ne
puis m'expliquer autrement le goût de M. de Guesnardes,
et son étrange persistance. Néanmoins, je l'adjure par le sou-
rire de l'Eve de Milton, par les pleurs de la Marguerite de Goe-
the, par Desdemone, par Ophélie, par Yelleda, par Elvire, par
les parfums qui le soir embaument la vallée, par les murmures
de la brise, par l'azur du ciel, par tout ce qui est au monde
sentiment, beauté, harmonie, poésie, je l'adjure de ne pas aller
plus avant dans cette voie déplorable. Que s'il se montre sourd
à ma prière, s'il se dispose à passer outre et à lancer mystérieu-
sement encore quelque dissertation nouvelle sur ce sujet sans
nom qui me met à bout de périphrases, — qu'il me garde au
moins un exemplaire.
   Aussi bien je n'en ai pas fini avec les imitateurs dégénérés de Ra-
belais, de Beroalde de Verville et de Vadé. Voici le Banquet
des lntelllligences qui semble avoir gardé une place de prédilec-
tion pour les œuvres de cette nature. Il s'y trouve même une
pièce d'assez bonne facture, qu'on peut regarder comme le mo-
dèle du genre. Le Banquet des Intellligences est l'œuvre collec-
tive d'une trentaine de viveurs, se donnant du moins comme
tels, artistes, hommes de lettres, et autres enfants du délire,
qui se réunissaient tous les mois au Pavillon Nicolas, sur le
coteau de Fourvières, pour y célébrer, Mer poctila, le vin,