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58 TRÉVOUX. comme sur tout le littoral de la Saône. L'époque romane lui donna le nom de Trivurtium, dont M. Jolibois explique l'étymo,- logie de la manière la plus naturelle, par très voltœ ( trois tours ou sinuosités). Ces trois évolutions de la Saône sont effective- ment très-sensibles en regard de Trévoux. Volta est un mot roman, qui se retrouve dans le dialecte languedocien (Voyez 'l'Album du Vivarais,par M. du Boys). C'est près de Tournus, et non pas de Trévoux, qu'eut lieu la première rencontre de Septime Sévère et d'Albin, son compéti- teur à l'empire.. Les sires de Villars y firent bâtir, dans le moyen âge, un châ- teau, dont les ruines subsistent encore; cette ville eut longtemps une existence agitée et guerrière, et devint plus tard la capitale de la principauté de Dombes. L'établissement pour l'affinage et le tirage de l'or et de l'argent y fut introduit vers l'an MCCCC, pour les Juifs. Ce genre d'industrie a été depuis lors singulière- ment perfectionné à Trévoux. L'église collégiale de cette charmante cité avait été fondée en 1525. Son chapitre se composait de douze chanoines. Devenue simple église paroissiale, elle est demeurée sous sa vénérable invocation primitive de saint Symphorien, martyr d'Autun. —A ce propos, rappelons qu'il existait autrefois, à Trévoux, un usage dont le milieu du dernier siècle seulement vit s'effacer la trace. Le dimanche qui suit le 22 août, fête de saint Symphorien, le chapitre, les officiers de justice, les notables de la ville et toute la jeunesse, sous les armes, allaient processionnellement en ba- teau jusqu'au plein lit de la Saône. Là , on plantait un arbre sur un petit roc, appelé la Roche de Saint-Sijrnphorién •. un cha- noine récitait des prières, dont les derniers accents expiraient dans une retentissante décharge de mousqueterie. Puis, l'arbre était abattu au bruit des acclamations de la foule, et le cortège regagnait, dans le. même ordre, la rive gauche de l'harmonieuse rivière. — Les sires de Villars, dit-on, avaient eu l'idée de cons- tater leur souveraineté sur la moitié de la Saône, par cette céré- monie pittoresque, à laquelle devaient assister leurs magistrats judiciaires.