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NOTICE SUR MICHEL GROBON. 53 au charme de la couleur, s'adonnaient presque tous au genre du paysage appelé historique, pour lequel, choisissant les sites et les formes grandioses de la nature, ils semblaient affecter de ne pas en étudier la couleur, comme si la vérité pouvait nuire à la noblesse du style ! Il était donc opportun de voir changer la direction d'un système aussi faux que dangereux pour l'art. Ce changement fut heureusement opéré par les ouvrages de Grobon, paysagiste lyonnais, qui, bien jeune encore, obtint un beau succès au Salon de 1796. Ses paysages, quoique de très- petite dimension, étonnèrent par une extrême vérité et par une rigueur de ton auxquelles on n'était pas accoutumé, et appelè- rent les paysagistes à étudier les peintres hollandais. Nous ne rappellerons pas ici les circonstances qui achevèrent cette répu- tation. 11 n'est pas moins certain que l'impulsion donnée à l'é- tude de la couleur est due primitivement au beau talent d'un paysagiste trop peu connu. Michel Grobon naquit à Lyon en 1770. Son père exerçait la profession de teinturier, profession importante pour les fabriques de cette ville , et dans laquelle il acquit une petite fortune qu'il laissa, jeune encore, à sa veuve et à son fils. Celui-ci fut placé, dès son bas- âge, à l'École de dessin, où M. Grognard lui ensei- gna les éléments de la peinture, puis il passa à l'École des fleurs et des ornements ; mais son goût pour le paysage lui fit bien- tôt abandonner une étude destinée aux dessinateurs de fabri- que. Il essaya de peindre le paysage d'après la nature même, n'ayant aucun modèle de ce genre à sa disposition. Cependant, un peintre de talent, Dunouy, revenant d'Italie, s'arrêta quel- que temps à Lyon. Le jeune Grobon fut empressé de rechercher ses conseils ; mais, ayant examiné attentivement ses ouvrages, et tout en admirant la beauté des sites qu'il rapportait d'Italie, il en trouva le coloris si terne et si monotone, qu'il pensa de- voir éviter les leçons d'un maître qu'il ne comprendrait pas, et il se remit à étudier la nature. Bientôt, dans ses excursions pit-, toresques, il fut rencontré par un amateur des arts, peintre de fleurs très-distingué, M. Dechazelle, qui, frappé des heureuses dispositions du jeune homme, lui offrit quelques tableaux hol-