page suivante »
52 NOTICE SUR MICHEL GROBON. Granet, en suivant l'impulsion de son génie, a cherché les ef- fets sombres et mystérieux des vieux cloîtres et des églises sou- terraines ; par une couleur franche et vigoureuse, il en a rendu les effets avec beaucoup de vérité. Un moine solitaire, au milieu de ces monuments ténébreux, a suffi quelquefois pour animer ses tableaux. Cependant, il a souvent composé des sujets rem- plis d'intérêt. Son système d'exécution était de peindre par glacis et par de larges demi-teintes relevées d'une touche de lumière franche et spirituelle, procédé par lequel il a su donner un grand ressort à sa couleur qui, sans être d'une vérité scrupuleuse, offre toujours un effet saisissant. Je m'arrête, laissant à une plu- me plus habile de parler dignement d'un talent qui eut beaucoup d'imitateurs et jamais de rivaux. Je laisse à ses plus intimes dire sa vie privée, et sa liaison à Rome avec une femme qui le suivit en France lorsqu'il revint se fixer à Paris. Je dirai seulement qu'à cette époque, il fut nommé inspecteur des musées, sous la direction de M. de Forbin, puis chevalier et officier de la Légion- d'Honneur; puis membre de l'Institut, et enfin, en 1826, il fut reçu chevalier de Saint-Michel, le plus grand honneur auquel il fut permis de parvenir. C'est ainsi qu'il continua de mener une vie paisible, au mi- lieu de ses nombreux amis jusqu'en 1848. Mais alors le chagrin qu'il éprouva, par la mort de sa femme qu'il aimait, hâta certai- nement son dernier jour; car il languit depuis lors malgré l'af- fection de ses amis, et celle que lui témoigna Mme de Marcellus, l'une desfillesde M. de Forbin, qui l'invita à aller respirer le bon air dans son château, puis elle l'accompagna dans une pro- priété qu'il avait achetée dans la Provence, où peu de temps après il mourut entre les bras de sa sœur, le 21 novembre 1849. MICHEL GROBON. En remontant aux dernières années du siècle passé, on se rappellera que les peintres de genre, peu sensibles, sans doute,