Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
50                NOTICE SUR MARIUS GRANET.

part à la défense de cette ville, et Granet continua ses études à
 Aix sous la direction de son professeur qui, lui voyant faire des
progrès rapides, s'attacha vivement à lui. Deux ans s'écoulèrent
 ainsi ; lorsque le jeune comte de Forbin, voulant se livrer sé-
 rieusement à l'étude de la peinture, invita son ami Granet à l'ac-
 compagner à Paris. Alors il le fit recevoir à l'école de David où il
fut reçu lui-même, et, fournissant à tous ses besoins, il le traita
comme son frère.
    Granet, qui avait acquis à Aix quelque pratique de la cou-
leur, fut bientôt impatient de donner un libre cours à son ima-
gination, et souvent il négligeait les travaux de l'atelier pour pein-
dre chez luides sujets de sa composition, dontla bizarrerie égayait
parfois ses amis qui cherchaient à le ramener à des études plus
sérieuses ; car, entraîné par une trop grande facilité, il se livrait
sans aucun modèle à tous les caprices de son imagination.
    Heureusement les ouvrages que le jeune Grobon, peintre lyon-
nais, exposa au salon de 1796, attirèrent vivement son attention
ainsi que celle de tous les artistes par leur grande vérité de cou-
leur. David, lui-même, en fut tellement frappé qu'il citait Gro-
bon pour exemple à ses élèves, disant, à ceux qui s'adonnaient
plus spécialement à l'étude de la couleur, vous croyez devenir
coloristes en cherchant à imiter la couleur des grands maîtres?
Voyez ce jeune homme , il n'a imité que la nature ! Granet, pour
profiter de cet avis, s'empressa de rechercher les conseils du
peintre lyonnais. Celui-ci, avec une brusque naïveté, lui témoi-
gna franchement un tel mépris pour les peintures faites sans
modèle, et lui démontra si clairement que le peu de mérite des
siennes ne tenait qu'à une imitation fidèle de la nature, que,
 convaincu enfin de cette vérité, il se hâta de chercher quelqu'ob-
jet d'après lequel il put exercer ses pinceaux, en suivant les avis
et les procédés de son jeune maître. Il fut assez heureux pour
trouver, à Paris même, un petit cloître éclairé par une fenêtre
dont la lumière très-resserrée produisait un effet piquant. Il porta
son chevalet dans ce cloître, et Grobon lui ayant recommandé
de ne pas empâter les ombres et d'employer les glacis et les cou-
 leurs transparentes ; il essaya ces procédés qui lui étaient in-