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26 MONOGRAPHIE HISTORIQUE admettre avec Tacon-Bacon l'étymologie d'Isinave ? Il fau- drait vraiment y mettre une partialité systématique, pour ne pas accorder que le village d'Isieu Isidiacum, dans le Bugey, sur le rivage du Rhône et sans mine de fer, que je sache, ne soit pas un indice probable de la dévotion des nautonniers, quoique des inscriptions lapidaires ne le con- firment pas. Mais ces vestiges du culte d'Isis sont loin de prouver des établissements grecs dans la Gaule , antérieurs aux Romains. Comme aussi les étymologies des localités pri- ses dans la langue grecque sont très-insuffisantes à celle démonstration. On sait combien cette science étymologique est pleine de ressources et d'élasticité, lorsqu'un homme d'esprit et d'imagination y puise des inductions. Dans un rapport à l'Académie de Dijon sur les dissertations de l'abbé Jolibois, M. Roget de Belloguet réfute ainsi ces prétendus établissements grecs dans l'intérieur de la Gaule, antérieurement aux Romains et même l'emporium de Lyon : « M. Jolibois nous paraît moins bien inspiré quand il veut prouver que Lyon, ainsi que Vienne et même Roanne, doit son origine à une colonie grecque de Marseillais ou de Rho- diens qui aurait, plusieurs siècles avant Jésus-Christ, re- monté le Rhône et la Saône pour fonder sur leurs rives et jusque sur la Loire des emporta ou comptoirs commer- ciaux. Toutes les preuves qu'il apporte de l'existence d'une colonie grecque à Lyon n'établissent aucunement qu'elle fût antérieure à la conquête des Gaules ; et ce fait, qui s'expli- que fort naturellement sous la domination romaine, est par trop invraisemblable dans l'état de violence et de barbarie que les colons marseillais auraient bravé pour s'isoler dans l'intérieur d'un pays sauvage , à cent lieues de leur patrie et de toute protection. Les étymologies grecques que M. Joli- bois accumule autour de Lyon ne prouvent donc rien, chro- nologiquement parlant, et n'offrent, en second lieu, que des