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DU BIJGEY. 23 les montagnes du haut Bugey, par des chemins abruptes, il est à croire que ce prétendu vaisseau d'Isis ne provient pas de la localité qui semble tenir son nom de la divinité égyp- tienne. Au surplus, de toutes les assertions étymologiques de Tacon Bacon, Isinave est la plus spécieuse, il faut en convenir, elle est même la plus raisonnable de son livre, et, par une singularité remarquable, elle a ses racines dans la langue la- tine, alors que toutes les autres ont la prétention d'être émi- nemment celtiques. Mais, attribuant exclusivement aux Grecs l'importation dans la Gaule du culte d'Isis, il commet une grave erreur, car il est constant que les Romains honoraient cette divinité dont le culte devint même si fort à la mode chez eux que l'on fut obligé de le restreindre et de le régler à rai- son des licences que se permettaient ses adorateurs. ïsernore, célèbre par ses belles ruines gallo-romaines se- rait encore, suivant Tacon Bacon, une localité dont le nom renferme une consécration en l'honneur d'Isis ; il s'en pré- vaut à l'appui de sa colonie grecque ; mais son argument est réfuté par de graves documents, et, chose vraiment bizarre et malencontreuse pour Tacon Bacon, ïsernore, en sens inverse d'Isinave, aurait un nom d'origine celtique, si l'on s'en rap- porte à des témoignages d'une grande autorité ! En effet, Pelloutier, dans son histoire des Celtes, nous ap- prend qn'isern , odor cité par l'auteur de la religion des Gaules, comme appartenant à la langue celtique, trouve son explication dans l'allemand Eisern, dore, porte de fer,en flamand Iser, deure, en anglais yern, doore. ïsernore, Iser- nodurum signifierait donc porte de fer. La légende de saint Eugend par Surius vient corroborer cette interprétation. Par- lant d'Isernodurum, ville natale du saint, le légendaire s'exprime ainsi : « il était né dans une bourgade d'une haute antiquité qui remonte au temps du paganisme et qui doit à la porte célèbre d'un temple, dédié aux faux dieux,