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20 MONOGRAPHIE HISTORIQUE ment dans la Première Lyonnaise, avant la conquête des Romains. Les uns confessent, à la vérité, que les vestiges de ces petites colonies grecques sont un peu effacées, et que, par conséquent, les preuves n'en sont pas manifestes, ce qui, à leurs yeux, réduit à l'état de probabilité ce fait si important de l'histoire aucienne. D'autres sont allés jusqu'à soutenir décidément que les Grecs ont laissé dans nos provinces des marques non équivoques de leur séjour. En ce qui concerne le Bugey, Tacon Bacon, le premier, a émis cette opinion ; mais elle repose évidemment sur des données spécieuses ou fausses. Cette thèse appliquée aux pays limitrophes, arrosés par le Rhône, la Saône et la Loire, est soutenue par des érudits d'une plus haute portée que l'antiquaire d'Oyonnax, et, sous leur plume, elle a acquis une gravité qui a donné lieu récemment à une savante controverse. Cette discussion est d'une impor- tance qui doit tourner au profit de la science historique ; il serait regrettable qu'elle prit des formes trop animées. Des navigateurs grecs, à l'exemple des Phéniciens, pous- sés par leur génie commercial, portèrent, suivant l'abbé J o - libois, dans les régions méridionales de la Gaule, les produits perfectionnés de leur industrie et de leurs arts, pour les échanger avec les indigènes contre les produits de cette terre fertile. Ils remontèrent le Rhône, et, sur ses rivages, ils créè- rent des emporta ou comptoirs pour leur commerce d'échange. Séduits par les richesses naturelles de la Gaule , ils com- mencèrent par fonder une ville fameuse, Marseille, belle et florissante cité phocéenne, et Arles dont l'ancien nom était Tèliné. Le Rhône, reçut son nom des Rhodiens. Les empo- ria grecs, dans l'intérieur des terres, acquirent par le négoce des proportions considérables. Rhodumna (Roanne), sur la Loire, paraît entr'autres avoir la même origine étymologique que le Rhône. L'abbé Jolibois donne à ces établissements un large développement; il prétend que, charmés de l'heureuse