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SONNETS. 7 Le cortège des saints sentait, prêts à l'essor Mouvoir ses pieds de pierre, et la Madone d'or Semblait, en souriant, nous appeler vers elle ! Au dôme de Milan, 19 décembre 1845. III. Il vivra sur l'airain, sur le marbre, en mes vers ! Au tronc poli du hêtre, au tronc nerveux du chêne, Amour, auprès du mien, d'un même nœud l'enchaîne ; De feux toujours vivants, symboles toujours verts I Il vivra ; car, malgré les maux que j'ai soufferts, Jamais note échappée à la parole humaine, Jamais brise du soir que le printemps ramène, D'un souffle plus divin n'enchanta nos déserts ; Il vivra ; c'est son nom : les vierges d'un autre âge, Quand pour elles viendra l'heure du doux servage, L'invoqueront tout bas, comme un nom protecteur : Les poètes rivaux, au nom chéri de Laure, Aux noms trois fois bénis d'Héloïse, d'Isaure, Assocîront le tien, comme eux, du temps vainqueur. Mantone, 20 décembre 1845.