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512 NOTICE SUR VICTOR ORSEL. les plus neuves, ne peuvent s'exprimer qu'à l'aide de symboles connus et consacrés par l'usage. Aussi, cette magnifique com- position, savant résultat des observations faites par Orsel en Ita- lie, démontre à quel point il avait étudié les anciens maîtres. Pour peu que l'on soit familiarisé avec cette étude, on retrouve la première idée de la Vierge protégeant et couvrant de son man- teau la ville de Lyon, dans le tableau de fra Bartolomeo, intitulé : La Madone de la Miséricorde, que l'on voit dans l'église de Saint-Romain, à Lucques, et représentant la Vierge couvrant de son manteau le peuple de cette ville, en signe de protection. L'enfant Jésus, donnant sa bénédiction à la ville de Lyon sup- pliante et assistée de ses patrons, rappelle non seulement les ta- bleaux de J. Bellini, à Venise , la fresque de Carlone sur le fron- ton de XAlbergo de' poveri, à Gênes, mais surtout le tableau de Gariano, dans la même ville, et dans lequel l'enfant Jésus bénit un homme agenouillé ainsi que sa femme, assistés de leurs pa- trons saint Antoine et sainte Catherine. L'ange, armé d'un glaive et arrêtant les fléaux, nous reporte au Vatican, en présence de ceux de Raphaël chassant Adam et Eve du paradis terrestre, ou frappant de verges Héliodore, de même que la vue de Fourvières, dans le fond, rappelle la Madone de Foligno ou l'église à laquelle est destiné ce tableau, se voit dans le lointain (1). Quant à la place de chaque figure, Orsel était trop instruit de tous les usages consacrés par les idées religieuses des siècles passés, pour y avoir manqué. Il savait que ces usages veulent que la Vierge soit toujours à la droite du Christ, comme place d'honneur, et que, pour cela, elle doit porter son enfant sur le bras gauche. Cette coutume qui, dans un tableau votif, laisse à la (i) Ce magnifique ouvrage de Raphaël est aujourd'hui au Musée du Vati- can. Il représente Marc-Jean-François SiGiSMONB-Corm, assisté de ses patrons et à genoux aux pieds de la sainte Vierge, entourée d'une cour céleste. L'en- fant Jésus paraît vouloir descendre vers lui. Au-dessous, et au centre delà composition, se voit un ange, tenant une tablette sur laquelle a dû être écrite a légende du tableau. Dans le fond, la ville de Foligno, à laquelle le tableau était destiné. Cet ouvrage est généralement regardé comme le type de tous les tableaux votifs.