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DE L'UNITÉ DES ARTS. 40l' humainement les péripéties de l'expiation, du sacrifice, base de tout culte. La tragédie grecque, qui fut d'abord partie intégrante des céré- monies religieuses, des fêtes de Bacchus, conserva toujours un grand appareil plastique. La musique y tenait sa place comme dans l'ancien drame sacré ; les chœurs étaient chantés et mimés, et la voix, des acteurs qui déclamaient les vers sur un récitatif très- voisin du chant, était soutenue par le son de la flûte. Ces trois grandes divisions primordiales de la poésie s'étaient effectuées sans lui ôter entièrement son caractère religieux, tout en Important la vie et la diversité des passions humaines. Les démembrements postérieurs qui devaient produire des genres nouveaux tendirent tous à l'affranchir de plus en plus du sen- timent divin, et à la mettre sous la dépendance de passions moins élevées, de goûts plus arbitraires et plus variables. Ainsi ap- paraissent successivement les nombreuses subdivisions des trois grands genres lyrique, épique, dramatique, les formes tout indivi- duelles de l'ode, de l'élégie, de la chanson, de l'épigramme ; enfin la comédie et la satire qui, en introduisant l'ironie dans la poésie, dénaturent tout à fait son caractère primitif, et précipitent le mor- cellement de l'art. La civilisation hellénique vit s'accomplir dans son sein ces diverses phases. Toutefois, comme il était arrivé pour les arts plastiques dé- rivant de l'architecture, c'est surtout dans la période latine de l'antiquité que s'opéra la séparation bien complète de la poésie d'avec la musique et le fractionnement de la poésie elle-même en cette multitude de genres inférieurs, dont les traités de rhé- torique devaient constater l'individualité et les lois particulières. Le véritable avènement de la satire, de l'épître, du poème didac- tique, de l'épigramme, de l'églogue, date de cette époque. La poé- sie lyrique n'est plus ni dansée ni chantée, comme elle l'avait été presque jusqu'à la fin chez les Grecs; elle est écrite et sim- plement récitée. Dès lors le poète n'a plus le droit de dire : Je chante ; ce mot reste en tête des poèmes le dernier vestige de la poésie des anciens jours La poésie écrite, pour être lue silen- cieusement, marque un premier avènement de la prose. Le poète 26