Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
312                   NOTICE BIOGRAPHIQUE
son admiration pendant cinquante ans, et le brillant chanoine
qui prêchaillait la parole de Dieu. Qui ne sait que le roi de la
littérature française écrivait assez souvent à l'orateur lyonnais,
qu'il ne passait jamais dans notre ville sans l'honorer de sa
visite, qu'il le prenait familièrement bras dessus bras dessous
pour aller avec lui dans le cabinet de notre jeune littérateur,
M. Collombet, encourager ses talents, et récompenser ses préco-
ces et nombreux travaux par sa glorieuse approbation, et cou-
vrir sa modestie de l'éclat de son génie ?
   Ce fut l'abbé Bonnevie qui fut chargé, en l'absence momen-
tanée de M. de Chateaubriand, secrétaire de l'ambassade à
Rome, de ménager, sous l'inspiration du cardinal Fesch, le réta-
blissement des frères de la doctrine chrétienne en France. Aussi
porta-t-il, toute sa longue vie, un tendre et vif intérêt à cet ins-
titut, si précieux pour l'éducation de la jeunesse. Il consola,
sur son lit de douleur, les derniers instants de Madame de
Beaumont, cette femme spirituelle, dont la mort laissa un vide
si profond dans le cœur du chantre à'Atala.
    M. de Chateaubriand ayant été rappelé, l'abbé Bonnevie le
suivit bientôt dans sa disgrâce ; il vint à Lyon où l'attendaient
de nombreux succès dans la carrière de la prédication. Il repa-
rut dans la chaire de la Primatiale, pour pleurer encore un illus-
tre mort, en présence d'une magnifique assistance. Le cardinal
de Borgia, accompagnant Pie VII à Paris, avait rendu son der-
nier soupir au palais archiépiscopal de Lyon, le 23 novembre
1804, et, deux jours après, l'abbé Bonnevie déplorait, en termes
nobles et touchants la fragilité des grandeurs humaines, la
rapidité de la vie, ou plutôt de la mort, au milieu des pom-
peuses funérailles que la ville hospitalière faisait au noble com-
pagnon de voyage du Pontife suprême qu'elle venait d'accueillir
avec un enthousiasme si religieux.
  La parole de l'orateur ne se ressentit point de la rapidité
avec laquelle il avait été contraint de se préparer. Jamais l'abbé
Bonnevie ne fut si fécond et si profond en même temps. La
piété, la science, les vastes connaissances en théologie, en droit
canon, en numismatique, le zèle pour la propagation de l'Evan-