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DE LA SAONE. 293 ces qui tarissent une partie de l'année, et augmente le volume de celles qui sont permanentes. La Saône présente parfois des eaux extraordinaires qui en- traînent avec elles les plus grands ravages. Les historiens de la contrée citent principalement, parmi celles qui ont laissé le plus de souvenirs, les crues de l'automne 580, de 1196, de 1408, du 2 décembre 1570, du 27 septembre 1602, de février 1608, de janvier 1640, et du 26 février 1711. Grégoire de Tours, en parlant de la grande crue de la Saône, qui eut lieu en 580, sous le règne de Childebert, dit : « Le Rhône et la Saône, joignant leurs rives, renversèrent une partie des murailles et plusieurs édifices. Ce furent des pluies continuelles, qui firent enfler ces rivières , jusqu'à se répandre dans la cam- pagne , et après que les pluies eurent cessé, les arbres refleuri- rent au mois de septembre (Grég. Tur., lib. v, cap. xxxm). » Mais la crue véritablement extraordinaire de la Saône, du mois de novembre 1840, a dépassé de beaucoup toutes celles dont on a conservé des traces, ou même le souvenir. M. Laval, à cette époque, ingénieur en chef de la Saône, a dressé, sur cette crue, des notes et observations statistiques du plus grand intérêt, in- sérées dans les Annales de l'agriculture (Lyon, tom. vi, p. 246). Suivant lui, « l'immense et désastreuse inondation des pre- miers jours de novembre 1840, paraît ne pouvoir être attribuée qu'aux causes suivantes, savoir : à la continuité presque abso- lue des pluies tombées dans le bassin de la Saône , pendant 28 jours en septembre et octobre ; à l'imbibition totale de ce bas- sin jusqu'aux couches imperméables, et à la fonte subite et pres- que instantanée des neiges amoncelées sur le Jura, vers les sour- ces du Doubs et.de ses affluents. » Il résulte des observations de M. Laval que l'inondation ex- traordinaire de novembre 1840, est principalement due à la crue subite du Doubs, et que la crue de la Saône a mis 24 heures pour franchir l'espace de 60 kilomètres compris entre Châlon et Mâcon, et 12 heures ^>our les 30 kilomètres de parcours entre Châlon et Tournus, ce qui produit une vitesse moyenne de 2 kilomètres 50 par heure, ou de Om, 695 par seconde , "^ndis