Revue du Lyonnais » série 2 - n°1 ( 1850 ) » pp.234

234              JÉSUS CHEZ MARTHE ET MARIE.
laisse servir toute seule. Et le Seigneur lui fit cette réponse :
Marthe, Marthe, vous vous inquiétez et vous vous agitez beau-
coup trop... une seule chose est nécessaire... Marie a choisi
la meilleure part et je ne veux pas la lui ôter. » ( S. Luc,
ch. x ).
   Voilà la narration évangélique dans toute sa simplicité : voyons
la traduction en marbre de M. Fabisch.
   Marthe vient de s'arrêter et se tient debout entre Jésus et
Marie, mais un peu en arrière. Son vêtement est relevé et fixé
par une ceinture dont les deux bouts tombent négligemment du
milieu de la taille. Ses bras sont nus. Sa main droite est appuyée
sur le bord d'une urne. Elle se tourne vers le divin Maître, et, lui
montrant de la main gauche sa sœur Marie ; « Seigneur, vous ne
faites pas attention que ma sœur me laisse servir seule. »
   Marie , assise aux pieds du Sauveur, a l'air de ne pas enten-
dre le reproche de Marthe. Son regard s'attache à celui de Jésus.
Ses mains se serrent l'une contre l'autre. Elle comprend qu'elle
a choisi la meilleure part.
   Le Sauveur, interpellé par Marthe, relève doucement la tète :
« Marthe, vous vous agitez beaucoup ; cependant une seule chose
est nécessaire. > Une seule, et ce mot, il l'appuie encore par le
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geste de sa main droite.
   Voilà bien la narration de l'évangéliste. Martha stetit. Marthe
s'arrêta et se tint debout... Maria sedens secuspedes : littéra-
lement, Marthe assise auprès des pieds... et ce mot de Jésus
dans sa profonde simplicité : unum necessarium, une seule chose
nécessaire, gravé par le doigt indicateur du Maître suprême.
   Nous croyons cela savamment conçu, et nous ajoutons que
c'est admirablement exécuté.
   La tête de Marthe a beaucoup de noblesse ; ses traits sont
fermes et accentués, c'est le type de la femme active et labo-
rieuse. Elle offre cette beauté mâle qui rappelle la Diane chas-
seresse.
   Par opposition, on lit sur le front de Marie et dans son regard
quelque chose de plus que le recueillement : on y sent tout ce
que l'amour a de plus tendre et de plus affectueux, ses traits ont