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318 M. A.-C.-H. TKIMOLET. entrer chez moi deux grands laquais, rouges de la tête aux pieds, galonnés sur toutes les coutures, et pliant sous le poids de sacs grassement garnis de rondelles d'argent, à la face royale, toutes bien trébuchantes et sonnantes. Pauvre Corrège ! tu succombas en portant le salaire de tes immortels chefs-d'œuvre! Et moi, infime!... oh.' c'est à en rougir!... L'affaire qui me pesait tant au cœur depuis un an, était donc terminée à ma plus grande satisfaction !... Il ne me restait plus qu'à me retirer du théâtre de mes exploits, empor- tant triomphalement mes lauriers et mon butin. Je le croyais du moins ; mais, mon bon et estimable protecteur me ménageait encore un honneur auquel j'étais bien loin de songer.—Il s'agis- sait d'aller remercier Sa Majesté de ses gracieuses bontés pour ma personne. L'audience du roi fut sollicitée et accordée, tout exprès, je crois, pour mettre ma timidité à la torture ordinaire et extraor- naire. Car vous savez déjà , cher lecteur, que je possède un esprit microscopique, qui me fait voir des montagnes inaccessibles où d'autres ne verraient que des prairies émaillées des plus bril- lantes fleurs. Je passai donc la nuit la plus affreuse ! ruminant sans cesse, entre deux sommeils, les phrases alambiquées d'un pauvre compliment dont les mots, sire et majesté, ne pouvaient sortir de mes lèvres inaccoutumées à les prononcer.., j'avais décidé- ment la fièvre. Mes tempes battaient en faux bourdon à me cre- ver le tympan... En vérité, c'est une cruelle maladie que de n'avoir point de confiance en soi, et j'ambitionnerai toujours l'aplomb impertubable de certaines gens de ma connaissance ! Il n'y avait pourtant pas moyen de reculer ! il fallut se rendre au château, accompagné de M. le comte de Costa. Sa présence et son costume de grand de cour levaient toutes les consignes et faisaient ouvrir toutes les portes. Après avoir de nouveau parcouru une partie de ce riche palais, il me quitte un instant pour revenir bientôt me dire d'entrer... Je crois bonnement qu'il me suit, qu'il m'accompagne et va me soutenir, mais pas