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94                     TABLEAU DE LYON.
près, ce langage sévèrement et exclusivement dogmatique, ces
rits byzantins marqués d'un sceau si énergique d'hiératisme et
d'authenticité apostolique , qui rappellent qu'en Orient l'idée de
la plus haute magnificence fut toujours unie à celle de la plus
haute gravité et au mystère. Après elle, viennent les Eglises de
Milan et de Varenne qui sont aussi restées assises liturgique-
ment parlant, aux portes de l'Orient ; mais n'ont conservé que
l'ombre affaiblie de son culte. Cet état de choses a dû influer
sur l'architecture et sur l'art, et je ne crois pas qu'il y ait une
ville où les architectes aient généralement plus de science ec-
clésiastique et d'idées liturgiques qu'à Lyon, où ils se préoccu-
pent davantage du désir de mettre les dispositions matérielles
du temple en rapport avec les besoins dogmatiques et histori-
ques du culte catholique, qui connaissent mieux la langue ou-
bliée ailleurs de l'inscription et des monogrammes. — Ici, des
basiliques, les unes solitaires et calmes, les autres jetées au mi-
lieu du tumulte des rues les plus fréquentées, toutes initiant les
pèlerins de Rome à celles de la -ville éternelle , les faisant com-
prendre d'avance et deviner.
   Lyon est encore la cité française qui résiste le plus coura-
geusement à l'irruption du mauvais goût, forme autour d'elle,
avec le plus de zèle et d'intelligence, un cordon sanitaire contre
les innovations dangereuses, et cherche, par les plus nobles
efforts, à ramener à la vérité liturgique , toutes les manifesta-
tions de l'art chrétien , à ses véritables éléments la religion, la
morale, la politique, l'industrie, l'histoire , la littérature. Vous
y verrez à peine quelques-unes de ces monstrueuses ensei-
gnes , ces affiches parisiennes, qui défigurent les maisons et
voilent l'architecture , et ses imprimeurs repoussent ces horri-
bles caractères de fantaisie qui ont envahi la typographie fran-
çaise, s'attachant à reproduire les belles et simples propor-
tions de la lettre antique. Pénétré du goût romain, la cité
lyonnaise a conservé un amour marqué pour l'inscription, et
 nulle , après les villes italienness, ne la comprend et ne l'ex-
prime mieux qu'elle dans la basilique , le prétoire ou le palais.
Constamment en relation avec Je Midi, par son fleuve, et l'Orient