Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
90                     TABLEAU DE LYON.
   Les allées de traverse jouent un rôle immense dans l'ichno-
graphie de cette ville. La principale circulation qui puisse
s'opérer à travers ces labyrinthes d'où l'on défie les intempé-
ries de l'air, est celle qui a lieu entre la rue Lafont et la rue
du Bois, en changeant plusieurs fois de voie et en coupant une
foule de rues. Ces dispositions , cette tolérance pour le public,
sont encore le produit de ce vieil esprit du moyen-âge que nous
signalions plus haut. On a beau importer les idées parisiennes
à Lyon, on a beau percer son cœur et traverser ses entrailles
par des rues nouvelles , magnifiques , toujours le vieux génie
lyonnais conserve un reste de sève, sous la faible écorce qu'on
lui laisse. C'est là la dernière tradition de son ancien régime ré-
publicain. La ville de Lyon, je l'ai déjà indiqué, s'administrait
par elle-même et votait ses charges ; elle ne logeait point de
gens de guerre. Aujourd'hui encore , les hommes venus du de-
hors pour l'administrer s'étonnent de trouver tant de résistance
dans son esprit communal et public. Ce qui arma les Lyonnais,
à l'époque du siège, c'était moins la cause de Louis XVI que la
cause de la nationalité lyonnaise. En luttant contre la Conven-
tion, elle luttait contre sa déchéance, contre l'invasion des cho-
ses et des hommes de Paris , contre le monopole et la centra-
lisation ; elle se battait pour son indépendance et sa liberté.
   Il y a peu de temps encore que sur cette antique terre du droit
romain, le bail verbal était seul en vigueur. Le mariage sous
le régime de la communauté continue à y être à peu près in-
connu. — Je^n'ai jamais compris que cette nationalité si tran-
chée ne se relève ni dans le peuple de la cité ni dans celui des
campagnes qui l'enveloppent, par un costume particulier,
comme les costumes bressan, maçonnais, arlésien, etc. A l'ex-
ception des coiffes de velours noir sur la tête des femmes du
peuple, coiffes jadis si communes à Lyon, je ne vois rien de par
ticulier dans les costumes lyonnais.
  Les femmes lyonnaises ont généralement des formes accen-
tuées. Elles ont le teint coloré et une figure ouverte et gracieuse.
Elles ont toujours eu une réputation de beauté et do bonté,
avant et depuis Louise Labé, leur poétique compatriote.