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                      M. A.-C.-H. TRIMOLET.                       Aï

 pleurais en m'entendant appeler pour recevoir le prix, tant j'étais
 convaincu qu'on faisait une injustice à mes camarades. Les temps
 ont bien changé, car, à l'heure qu'il est, il s'en trouve peu qui
 ne s'en croient dignes !
   Mon père avait donc obtenu ce qu'il désirait? La médaille d'or,
 sous l'Empire, exemptait du service militaire ! Mon état était
 décidé ! Arrivé à dix-sept ans, je n'avais fait et ne savais faire
que de la peinture. Il fallait qu'elle me suffît.
   Je peignis quelques portraits, entre autres celui de ma sœur,
de grandeur naturelle et en pied ; ensuite un tableau représen-
tant le roi David, pinçant de la harpe et chantant ses péchés. Ces
ouvrages me firent connaître du public.
   C'est à peu près dans ce temps (1817 je crois) que je fis mon pre-
mier voyage à Paris ; jusque-là je n'avais vu de peinture que ce que
possédait notre musée. Je ne dirai pas que la vue des chefs-
d'Å“uvre que renfermait la capitale, exalta'mon imagination, non,
ce serait mentir ; les préjugés d'école et mes sens obtus ou faussés
m'empêchèrent de comprendre et d'apprécier les beautés de cer-
tains maîtres des grandes écoles. Les peintres hollandais eurent
toute mon admiration ! La vérité, le charme et l'adresse de Vander
Helst, Terburg, Netscher, Metzu, etc., me ravirent; l'incroyable
finesse de Slingelandt, Gérardow et Miéris me désespéraient, et
comme je voyais à ce genre de la difficulté de main, une espèce de
tour de force des doigts et des yeux, je préméditai d'en essayer
un jour.
   Effectivement , quelque temps après mon retour à Lyon,
M. Brun, de qui je faisais alors le portrait, me proposa de faire un
petit tableau représentant l'intérieur de son atelier chez M. le doc-
teur Eynard. J'acceptai ses conditions, qui n'en étaient pour ainsi
dire pas, voyant seulement en cette affaire l'occasion d'essayer
de la peinture en petit et de détails, Je commençais donc mon tra-
vail, lorsque le docteur Eynard, me trouvant à l'œuvre, s'informa
de ce que je faisais, et témoigna le désir de faire aussi partie de
la représentation. Je disposai en conséquence de nouveau ma
composition pour l'y faire entrer. Mon tableau une fois terminé
eut un succès dont on se ferait difficilement une idée, maintenant