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LA SOURCE ÉTERNELLE. 15
Le désert t'a rendu cette vertu d'aimer
Que l'homme t'a ravie ;
Et l'on nie à ce sein qui t'a pu ranimer
D'avoir en soi la vie !
11 répare en un jour ces longs mois où l'ennui
Appauvrissait ta muse.
Tout s'accroît au désert, tout s'engendre de lui ;
Dans la cité tout s'use.
Crois en donc à l'instinct qui t'y t'ait sentir Dieu :
La nature est vivante !
L'infini coule en elle, et t'abreuve, en tout lieu,
De joie et d'épouvante.
Oui, Dieu même circule en cet immense corps,
Dans la moindre corolle ;
Ces formes, ces couleurs, ces parfums, ces accords ,
Tout n'est que sa parole.
Cette parole vit, c'est l'âme, c'est la voix
De toute créature ;
C'est l'amour que tu sens, la beauté que tu vois
Au fond de la nature.