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LETTRES SUR LA SARDAIGNE. 345 est étranger?... Àh ! vous arrivez de Cagliari? et vous êtes Français?... Monsieur vient sans doute dans notre pays pour faire quelques achats? Les étoffes de laine et le corail d'Algher sont si beaux ! les armes de Tempio ont une réputation uni- verselle, et les chevaux de la Sardaigne sont reconnus aujour- d'hui pour les meilleurs de l'Europe. Je ne m'occupe pas de commerce, répondis-je, en m'in- clinant vers mon voisin de gauche, estimable négociant de Sassari.— « Monsieur a peut-être une mission scientifique de son gouvernement ? il vient pour étudier nos institutions el nos réformes gouvernementales, et recueillir nos dernières découvertes dans le domaine de la science? On doit, en effet, se préoccuper, à Paris, des travaux importants de notre Uni- versité ? J'ai l'honneur d'en faire partie, et je serais trop heu- reux de pouvoir mettre à îa disposition de Monsieur mes faibles lumières... » Je me retournai, en le remerciant, vers mon voisin de droite : c'était un petit vieillard à l'œil ardent, aux manières juvéniles, qui, sans doute, avait retrouvé une seconde jeunesse dans la poussière de ses livres, comme Faust dans les rayons de sa bibliothèque. — Alors, Monsieur, vous êtes venu dans noire île, seulement pour la visiter? vous avez été séduit, je le gage, par les récils enchantés des voyageurs. C'est, en effet, un beau pays que notre Sardaigne! rien ne peut se comparer aux riantes campagnes de I'Ogliaslro, à la richesse des plaines du Campidano, à la grandeur majestueuse de la Barbagia ; Millis est un véritable paradis terrestre, et les environs de Sassari sont une suite de bosquets délicieux. Cagliari est une grande ville, dont le port, bientôt, deviendra le plus important de la Méditerranée ; et Sassari, par l'éten- due de son commerce, par ses richesses artistiques, par la beauté de ses monuments, peut lutter, dès aujourd'hui, avec les villes les plus renommées de l'Italie. Je recommande sur- tout à voire attention notre belle cathédrale , les tableaux de