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LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS. 310
prit soin d'accoutumer peu à peu sa jeune cousine (1), fut dé-
finitivement agréé. L'union de ce prince avec la reine parut Ã
Louis-Philippe, selon quelques informations plus ou moins
rigoureuses, offrir des chances probables de fécondité (2), et
il fut résolu entre le roi des Français et la Cour de Madrid
que les deux mariages auraient lieu simultanément. Celte
précipitation, tant reprochée à Louis-Philippe, paraît suffi-
samment justifiée, soit par la conduite versatile du cabinet
anglais, soit par la crainte plausible que le refus d'unir ins-
tantanément le duc de Monlpensier à l'infante, ne fît échouer
le projet d'union de la reine avec son cousin, et n'entraînât
Marie-Christine dans toute autre combinaison matrimoniale
contraire à la politique française.
Toutefois, il paraît difficile, au point de vue français,
d'affranchir d'un sentiment de personnalité coupable la con-
duite de Louis-Philippe en cette occasion. L'intérêt dynastique
peut seul expliquer , à mon avis, l'esprit de résolution re-
marquable avec lequel il affronta les chances d'une guerre
européenne par la rupture de celte entente cordiale qui avait
résisté jusqu'alors à tous les procédés hostiles du gouverne-
ment anglais. En présence des mécontentements inévitables
de notre ombrageuse et puissante alliée, la question du main-
tien de l'influence française en Espagne ne venait, en effet,
que dans un ordre secondaire. Il est vraisemblable, d'ailleurs,
que la répugnance de l'Angleterre pour le comte de Trapani
eût cédé devant une appréhension sérieuse du mariage de
l'infante avec le duc de Monlpensier. Quant au prince Léo-
poid de Saxe-Cobourg, en admettant que son affinité avec le
mari de la reine Victoria dût alarmer le cabinet français sur
le sort de cette influence, le cabinet ne pouvait perdre de vue
(i) Lettre particulière de M. Bresson à M. Guizot, i3 juillet rS.iC
(2) Lettre de Louis-Philippe à la reine des Belges.
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