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mêlés entre les seigneurs, et qu'au lieu d'être réglés par une
justice souveraine, ces démêlés sont mus par l'épée ou ap-
paisés par des médiateurs, tant que notre province est assu-
jétie à plusieurs suzerains, celte anarchie , bien qu'affaiblie,
sévit encore.
Le Bugey est une agglomération de fiefs mouvants des
sires de Thoire , des comtes de Savoie et des dauphins de
Viennois. Enclavés dans ces petits Etats , les évoques de Bel-
ley conservent leur indépendance , le prieur de Nantua et
l'abbé d'Ambronay ont recours à des protections ou sont
contraints à des assujétissements.
D'après les documents de celte période , nous essayons de
reproduire dans un seul cadre et par ordre de suzeraineté
ces fiefs et les faits qui se rattachent à leur possession. De
leurs donjons, quelques débris marquent à peine la place où
s'élevaient leurs tours orgueilleuses, là , toutefois, où d'au-
tres châteaux n'ont pas été reconstruits par la suite. Ces
ruines d'une fière domination , en rappelant l'oppression
du passé , font apprécier le temps présent ; elles recèlent
l'histoire de cet âge de fer , enfouie en grande partie dans
leur poussière. Autour des trois suzerains , nous grouppons
leurs nobles vassaux dont les familles sont presque toutes
éteintes , dont les noms, jadis illustres, sont tombés dans
l'oubli avec leurs armoiries et leurs devises. Ces signes
étaient une éclatante marque d'individualité chez ces guer-
riers couverts de fer et dont le visage était masqué par la
visière de leurs casques. Leurs noms et l'éclat de leur race
étaient ainsi peints sur leurs écus et leurs pannetons. Ces
signes appartiennent à l'histoire. Lorsqu'on les retrouve
sculptés dans les ruines des vieux manoirs, ils signalent les
anciens maîtres d'une contrée , et servent à distinguer les
familles puissantes qui figurent dans les anciennes chro-
niques de la province.