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VOYAGE EN 1CARIE. 93 des hymnes sans fin, et se dresse des temples où l'univers ira faire fumer l'encens des sacrifices et l'adorer un jour en langue icarienne, le proclamant fondateur, législateur, pon- tife, très-auguste, trois fois saint, le plus grand saint du ca- lendrier communiste ! Icar, 6 Icar ! nous ne sommes pas dignes que vous entriez dans notre vieille boutique sociale ; mais dites seulement une parole, et nos âmes seront guéries des anciens préjugés; et nos yeux s'ouvriront à la lumière icarienne ; et nous au- rons en grand mépris la propriété et l'argent, ces deux pestes dont vous avez délivré vos domaines, en attendant que vous confisquiez les nôtres ! Avant d'en finir avec fe Voyage en Icarie, je dois compte des révélations qu'il m'a faites sur les relations du mari et de la femme, au point de vue social, et même au point de vue intime. Comme les habitants de ces contrées doivent toujours, forcément, et en toutes choses, être supérieurs aux hommes connus, il est établi tout d'abord et sans conteste que, de tous les peuples de la terre, ce sont les Icariens (p. 197) qui connaissent le mieux Vamour et ses célestes délices ! Dieu me garde de discuter la valeur de l'assertion, et de mettre en doute la profondeur et la plénitude des connais- sances icariennes sur ce sujet. Mais je me sens quelque peu titilé à l'endroit de mon amour-propre national, en appre- nant que l'humiliation nous vient d'un Français. M. Cabet est cruel : il fait presque toujours battre la France par un Français, de même qu'il a un Anglais à ses ordres quand il s'agit de fustiger l'Angleterre. C'est un Français, c'est Eugène, son Icarimane, comme il l'appelle, qui nous jette à la face cette insolente prétention. Il efface ensuite du code ['obéis- sance que la femme doit au mari, selon notre version, et éta- blit ['égalité entre époux. Mais, doucement I les femmes n'en sont pas où elles pensent pour cela ! En leur faisant cette