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DISCOURS DE M. A. BONNET. 55 tante confirmation d'une autorité imposante en pareille ma- tière. « Les sciences physiques et naturelles, disait Cuvier, dans un rapport fait en 1828, doivent à la médecine le plus grand nombre de leurs accroissements ; peut-être n'aurions- nous ni chimie, ni botanique, ni anatomie, si les médecins ne les avaient cultivées, s'ils ne les avaient enseignées dans leurs écoles, et si les gouvernements ne les avaient encou- ragées à cause de leurs rapporls avec l'art de guérir. » Ainsi, Messieurs, influence sur l'établissement de la mé- thode générale, création de celle qui est propre à l'anatomie et la physiologie comparées, découverte des faits les plus importants sur lesquels reposent ces dernières sciences, im- pulsion active communiquée à la chimie, à la botanique et à l'histoire naturelle des animaux, tels sont les divers mo- des suivant lesquels la médecine a contribué aux progrès des sciences naturelles. Ces influences pouvaient s'exercer indé- pendamment des hommes ; elles pouvaient être le résultat de cette libre propagation des idées qui sufit à elle seule pour répandre celles qui sont utiles. Mais les médecins ne se sont pas bornés à celte influence indirecte. Plusieurs ont réussi pour leurs propres recherches , à établir les échanges d'observations et de pensées nécessaires à l'accroissement des sciences. Quelques aperçus historiques mettront cette vérité dans tout son jour. La chimie, créée par les médecins arabes, Géber, Rhazès et Avicenne, qui l'avaient envisagée surtout au point de vue de la préparation des remèdes -, développée au moyen-âge, par ces tentatives des alchimistes, qui, insensées dans leur but immédiat, furent si fécondes dans leurs résultats, la chi- mie n'était, au commencement du XVIe siècle, qu'un amal- game de formules empiriques et de procédés imparfaits. Parmi ceux qui contribuèrent à la faire sortir de cet état déplorable, aussi éloigné des arts pratiques que des sciences