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                    LOUIS-PHILIPPE D'ORLÉANS.                         421

demeuré, dit-on, sans instructions précises, quitta Lille le
24 pour se rendre en Angleterre : « Je pars, écrivait-il au
maréchal, pour m'ensevelir dans la retraite et l'oubli; je suis
trop bon Français pour sacrifier les intérêts de la France,
parce que de nouveaux malheurs me forcent à la quitter. »
Il se fixa à Twickenham, dans la même demeure qui, quatorze
ans auparavant, avait abrité son premier exil. Sa famille,
qui s'était accrue du duc de Nemours, né à Paris le 25 oc-
tobre 1814, l'y avait précédé de peu de jours (1).
   Il n'est pas sans intérêt d'observer l'attitude du duc d'Orléans
pendant cette usurpation des Cent-Jours qui, pour la vaine sa-
tisfaction de quelques faibles griefs, ou sur la foi de quelques
alarmes habilement grossies, devait léguer à la France, avec
d'incalculables désastres, le germe fatal de deux révolutions.
    On ne peut se dissimuler que les événements qui venaient
de renverser le trône de Louis XVIII, n'eussent exalté à un
certain degré ses idées ambitieuses. Le maréchal Mortier lui
ayant un jour exprimé l'idée que la couronne pourrait bien,
dans ces circonstances orageuses, devenir le prix de sa popu-
larité : « Je ne ferai pas tomber la couronne de la tête qui la
porte, répondit-il, mais si elle tombe, je la ramasserai.» De sa
retraite de Twickenham, Louis-Philippe adressa au congrès
de Vienne deux mémoires sur les causes de la chute des
Bourbons, mémoires fort judicieusement écrits et qu'on put
supposer inspirés par le désir d'attirer sur lui l'attention des
souverains qui disposaient des trônes. Tel fut, du moins, l'effet
de cette démarche. L'empereur Alexandre, prince générale-
ment mal disposé pour les Bourbons de la branche aînée,

   (1) La duchesse douairière d'Orléans, de retour en France depuis le mois
de juillet 1814, avait obtenu de Napoléon la faveur de demeurer à Paris, à
raison d'un accident cruel (la fracture d'une jambe) qu'elle avait éprouvé
quelque temps avant le 20 mars. Elle mourut le 22 juin 4821, universelle-
ment regrettée.