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3i)4 LOUIS-PHILIPPE D'OKLÉANS. quand on est ce que je suis, on dédaigne, on méprise l'usur- pation, et qu'il n'y a que des parvenus sans naissance et sans âme, qui s'emparent de ce que les circonstances peuvent met- tre à leur portée. » Louis-Philippe partit de Palerme pour Gibraltar sur le vaisseau anglais le Thunder, avec le prince Léopold de Sa- lerne , son futur beau-frère. Ce dernier était spécialement chargé de proposer à la junte de Séville le roi des Deux-Si- ciles pour régent du royaume, jusqu'à la délivrance de son neveu Ferdinand VII. Les princes s'étaient fait précéder d'une lettre de l'ambassadeur anglais en Sicile à sir Hew Dalrymple, gouverneur de Gibraltar, annonçant que don Léopold et son cousin se présentaient en Espagne comme soldais « et qu'ils accepteraient ensuite (elle situation qui se- rait jugée convenable à leur illustre rang. » Mais les événe- ments survenus récemment dans la Péninsule avaient modi- fié la tournure des négociations. A la suite de la journée d'Orcana , les Français étaient entrés dans l'Andalousie , et cette invasion avait changé la face de la guerre. Le gouver- neur de Gibraltar , de son côté, soit par une inspiration spontanée , soit par l'effet de quelque insinuation secrète, avait pris ombrage des prétentions des deux princes et de la suprématie que la junte de Séville semblait s'être attribuée en cette circonstance. La surprise de ceux-ci fui grande quand, à leur débarquement à Gibraltar , le 9 août 1808, avec un nombreux cortège d'officiers et de domestiques, sir Hew Dalrymple leur déclara qu'il ne les laisserait point pé- nétrer en Espagne. Cette résolution, motivée sur le mauvais effet que leur démarche pourrait y produire dans un mo- ment où l'installation d'un gouvernement central était jugée nécessaire (1), parut irrévocable , et il fallut y souscrire. Le (.0 Lettre de K. 'Dalrymple à lord Casllereagli, m août 1808,