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372 LOUIS-PHILIPPE D'ORLÊANS.
essuya de nouveaux échecs qui rendirent sa position déses-
pérée et le poussèrent aux résolutions les plus extrêmes. Il
songea sérieusement à marcher contre la Convention régicide,
et à sauver la France d'un démembrement en imposant aux
alliés une neutralité officieuse. Le 21 mars, le colonel Mont-
joie s'aboucha par ses ordres avec Mack , chef de l'état-major
de l'armée impériale, et sollicita une suspension d'armes que
ce dernier conclut le lendemain môme dans une conférence
personnelle avec Dumouriez. Le général français dut à ces
dispositions l'évacuation pacifique du territoire belge et la
rentrée ep France des débris de son armée. Le 27 mars, eut
lieu à Ath entre le colonel Mack, Dumouriez, Thouvenot et
le duc de Chartres, cette entrevue tristement célèbre qui con-
somma la défection du vainqueur de Jemmapes. Les Impé-
riaux prirent l'engagement de concourir éventuellement à la
réalisation de ses plans, si ses propres forces étaient insuffi-
santes ; connivence coupable et qui témoigne assez à quel
degré d'abattement et de démoralisation étaient tombés les
chefs de l'armée. Ces sentiments se reproduisent dans ce frag-
ment d'une lettre que Louis-Philippe écrivait à son père :
« Mon couleur de rose, lui disait-il, est à présent bien passé,
et il est changé dans le noir le plus profond. Je vois la liberté
perdue; je vois la Convention nationale perdre lout-Ã -fait la
France par l'oubli de tous les principes; je vois la guerre
civile allumée; je vois des armées innombrables fondre de
tous côtés sur notre malheureuse patrie, et je ne vois pas
d'armée à leur opposer. »
Mais cette espèce de contre-révolution demandait une exé-
cution prompte sous la protection d'un secret absolu. Du-
mouriez négligea de s'assurer une base solide d'opérations
par l'occupation de Lille, de Valenciennes et de Condé. Ses
propos répandirent le soupçon partout autour de lui. Traduit
a la barre de la Convention, il refusa d'obéir. L'arrestation