Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
l&i          REVUE MONUMENTALE ET LITURGIQUE




                      SAINTE-MARIE-MAJECKE.



    Tout calculé, Sainto-Marie-Majeure, ce temple si connu par les
bulles pontificales et les encycliques datées de son ombre, est, à
 mon avis, la basilique romaine qui, par ses immenses dimensions,
son plan, son caractère liturgique, à l'intérieur du moins, développe
le plus énergiquement le sentiment chrétien dans le cœur du mo •
numentaliste qui la contemple. Il ne lui manque que les verrières
 peintes pour avoir les lointains, l'idéal et l'infini de nos grandes
 églises ogivales. Ce n'est point le plus auguste musée du monde
 comme Saint-Pierre, la représentation exclusive delà Renaissance,
comme Sainte-Marie-des-Anges; ce n'est point la plus belle archi-
 tecture de palais comme dans la nef de Saint-Jean-de-Latran, ce
n'est point la plus somptueuse salle de concerts comme Saint-Ignace,
la basilique primitive à l'état rudimentaire comme aux SS.-Nérée-et-
Achille, aux Ouatre-Couronnés et à Sainte-Praxède; mais c'est la
basilique constanlinienne à l'état de progrès. Ici, l'art moderne
sobre, raisonné, ne se voit qu'à l'épiderme ; il a respecté l'élément
primitif partout où il emportait une idée de majesté, il se combine
partiellement et secondairement à la forme ancienne en des pro-
portions tellement harmonieuses qu'il ajoute plus à la splendeur du
temple qu'il ne lui ravit de sens historiques. Cette basilique,
d'ailleurs, ne remonte pas à la plus haute antiquité : elle représente
l'âge où déjà le triforium était devenu moins nécessaire par
suite de la fusion des vierges avec les matrones et les femmes dans
la nef qui leur était destinée, et qui, à Rome, fut tantôt Vaustrale,
tantôt la boréale, par suite de l'absence de toute règle relative à
l'orientation, comme je le dirai à propos de Saint-Laurenthors-les-
Murs.
  Au commencement du III« siècle, les ruines du temple de Junon-
Lucine (Lucina) couronnaient encore la cime verdoyante de l'Es-
quilin. Le pape Libérius fonda la basilique qui nous occupe près
de ces ruines. Le phénomène le plus étrange précéda cette fondation :