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                       IMPOSITION 1 8'i 7-4-8.                    91
  duit pour nous qu'une nature conventionnelle , brillante , mi-
  roitée qui ne peut plaire qu'aux gens qui préfèrent le joli au
  vrai. Il est entendu que cette critique ne s'applique qu'aux paysa-
  gistes de la puissante République. Nous prenons toutes réserves
  vis-à-vis de M. Lugardon dont les œuvres sont fort estimables.
  Sa Halte du blessé nous fournit l'occasion de louer la manière
  dont il compose un groupe et la vérité énergique avec laquelle il
  peint ses figures ; après lui, nous citerons M. Hornung , coloriste
  distingué, dont la lithographie a popularisé les œuvres.
     Le Repos d'animaux de M. Dubuisson , joint aux qualités or-
  dinaires de cet artiste une puissance de couleur qu'on a trop ra-
  rement l'occasion de louer en lui. Nous reprocherons à son Ma-
  réchal ferrant ou l'exagération de la taille des chevaux, ou l'exi-
  guïté de celle des figures : la pose du cheval qu'on ferre est com-
  prise si on la cherche , mais elle n'est pas assez indiquée. Deux
 autres petits tableaux sont exécutés avec beaucoup de soin et de
  goût.
    De tous les peintres qui ont envoyé des animaux, Mlle Rosa
 Bonheur est la seule qui ait réussi dans cette difficultueuse spé-
 cialité. Nous citerons à l'appui de ce que nous avançons ses
  Vaches à l'abreuvoir qui sont.aussi bien peintes que bien dessi-
 nées. — Les animaux de M. Poney sont bien peints , mais d'un
 ton gris et sale qui nuit à leur mérite.
    Arrivons maintenant à la toile de M. Genod dont la dimen-
 sion attire tout d'abord les regards. M. Genod, le peintre des
 scènes de familles, a voulu s'élever à la hauteur du tableau
 d'histoire. 11 faut lui tenir compte de ce noble mouvement. Et
 pour qui sait la difficulté attachée en province à la réalisation
 d'une œuvre de cette nature , c'est-à-dire la rareté et la cherté
 des modèles vivants, il y a bien du mérite à ne pas se laisser
 rebuter partant d'obstacles et à présenter au jugement de ses
 compatriotes un tableau de cette proportion. Certainement cette
 œuvre n'est point exempte de défauts ; mais , en somme, elle
 présente assez de qualités pour mériter un examen sérieux.
 Selon nous, le sujet ne s'explique pas assez. Tous les person-
 nages occupent le premier plan, ce qui fait que l'œil ne sait pas
 au juste sur qui s'arrêter de préférence. Ainsi, pourquoi ne pas
avoir rejeté dans le fond du tableau ces hommes qui sont venus
 avec des vases pour emporter les trésors de l'Eglise. Ce sont là
des comparses dont on aurait su gré à l'auteur de ne pas nous
montrer les figures de trop près. L'attention devait se porter
tout entière sur saint Laurent et sur les pauvres qu'il indique
comme étant les trésors de l'Eglise. Le consul lui-même devrait
être sur un plan inférieur. Que d'autres critiquent le modelé de
certaines têtes, ou le manque d'aplomb de certaines figures, le
lâché des extrémités ou le parti pris de lumière qui, inondant la
scène de toutes parts, fait chatoyer de draperies trop lourdes et