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64 DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS.
Telles se montrent en effet les choses h celui qui n'a
point compris le mystère sublime de la vie...
Il serait aisé d'écraser d'objections le fait de la douleur,
si l'on se mettait au point de vue du temps ! Je crains que
ceux qui montrent cette impatience ne soient plus en peine
de leur moi que de leur cœur ! Prenez-y garde ; j'ai vu sou-
vent celui qui s'écoute, lorsque la douleur le frappe se ren-
verser du côté du mal. L'égoïsme est comme une pierre au
fond de l'âme qui fait ressauter l'instrument divin !
Si dans la création vous voyez Dieu , si dans l'être en un
mot vous retrouvez l'absolu , reconnaissez la légitimité de
l'existence !
Il faut vouloir de l'être , ou la lâcheté ne serait pas avoua-
ble ! Certainement l'épreuve est complète, et la douleur des-
cend aussi avant que notre âme; mais depuis quand possé-
dons-nous notre substance !...
La création est la grande tentative de l'Absolu : il faut vous
y prêter ! Qui refuserait de combattre avec l'infini !... Ah !
vous vivrez , puisqu'Ã toute heure vous pouvez faire quelque
chose pour le Ciel !... Quand nos pères n'étaient que bar-
bares, ils donnaient d'un seul coup leur vie pour ce mot d'im-
mortalité ; ne saurions-nous donner la nôtre pièce à pièce ,
par la douleur , pour la réalité des espérances immortelles !
Mais celui qui souffre et qui ne porte pas un grand cœur,
prend vite la cause de l'homme. Il voudrait établir avec justice
la part du bien et du mal. L'humanité, si noble et si infor-
tunée , il ne peut le dissimuler, est enchaînée au malheur ;
et Dieu lui semble bien sévère. A son insçula rancune prend
peu à peu en lui toute la place de l'amour.
qui toujours nie, et certes avec raison ; car tout ce qui existe n'est bon qu'Ã
s'en aller en ruines, et ce serait mieux s'il n'existait rien. »
Première Partie.