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DE LA DOULEUR DANS LE TEMPS. 55 ses inférieures. Les âmes nobles et tranquilles naissent tou- jours sur un niveau d'où leur humilité peut se répandre. Parmi les premières, beaucoup ensuite ont profilé des l e - çons que leur donna , hélas ! avec profusion la vie ; comme parmi les secondes quelques-unes ont mésusé des avantages dont le Ciel les avait couronnées. Mais voyez comme toutes , quoiqu'elles en disent, sont nées où il le fallait 1... Ceux qui suivront la remarque que j'ai faite en resteront de jour en jour plus frappés. Dieu ne laisse à peu près la grandeur qu'aux âmes qui la peuvent porter. Vous verrez toujours les envieux , quoiqu'ils emploient tous les moyens , ne pouvoir jamais réussir. Même dans des conditions meilleures, il est des âmes que Dieu pré- serve du luxe ; celles surtout que vous voyez à grands soupirs regretter la fortune. Dieu nous donne tous les biens que nous pouvons porter. Ici-bas, chaque point est merveilleusement calculé pour l'infini. Chaque âme y est reçue sur son échelon ; et il n'est pas un mot du drame qui va s'ouvrir devant elle qui n'ait été mis a sa place... La vie est faite pour nous ! La position de tout homme , qu'il l'avoue ou qu'il le nie , est au juste le traite- ment qui lui convient. Seulement, il en est parmi nous qui dès l'enfance ont aimé les arts, et ils ont demandé leur pain le reste de leur vie... Leurs joies aspiraient au Ciel, et elles y ont demeuré! Pauvres âmes, pauvres âmes... Mais que l'infini est beau! Paix, paix sur la terre aux hommes qui ont rêvé la beauté... qu'aucune honte n'atteigne l'homme ébloui par les Cieux ! Le rapport établi entre la nature de la douleur et les divers états des âmes produit toutes les positions touchantes de la vie. Que d'ingénieuses douleurs préparées à l'homme de génie trop ardent, au poète toujours ravi, au cœur vertueux