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428                  DU GÉNIE LITTÉRAIRE

nesse l'a retenu là où des générations neuves lui offraient
le moyen de travailler d'une manière plus efficace à l'avenir
moral de son pays; là, enfin, où tous ceux qu'il a eus pour
élèves , il les a gardés pour disciples et pour amis.
   Dans cette Faculté à laquelle il a préparé à la fois des pro-
fesseurs et un public, son souvenir est en même temps un
devoir de reconnaissance et une source de sympathie. Devant
un pareil auditoire , l'enseignement ne saurait s'écarter des
méthodes légitimes, des nobles sentiments. La philosophie y
pourra fréquemment apparaître avec la littérature, sans que
l'austérité de son vêtement la fasse tenir ici pour une étran-
gère. Vous ne serez donc pas surpris, Messieurs, si c'est la
critique des principes plutôt que celle des œuvres elles-
mêmes, si, plutôt que l'histoire et la biographie, c'est la phi-
losophie de l'art qui nous occupe principalement dans ce
 cours de littérature française.



   Quand on étudie les monuments littéraires d'une nation,
le résultat qu'il importe le plus d'obtenir, ce n'est pas seule-
ment la connaissance du génie particulier et du mérite relatif
de ses écrivains illustres ; c'est surtout, après avoir recherché
quels sont les principes de l'art, les lois générales du beau,
de découvrir, à travers l'œuvre des poètes et des philosophes,
le génie même de leur pays, ses aptitudes spéciales, son ca-
ractère intime, en un mot tout ce qui constitue cette grande
personnalité morale qu'on appelle une nation. Il est des mo-
ments où les peuples comme les artistes, ceux-là surtout qui
sont dans toute leur vigueur, doivent faire sur eux-mêmes ce
retour critique; avec une conscience plus exacte des facultés
qui leur ont été dévolues, ils trouveront dans cet examen de
leurs précédentes œuvres, un sentiment plus vif de la mission
qui leur est assignée, une détermination plus juste des voies