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322 L'INSTITUTRICE DE RETOUR sont a leur départ et fouillons dans le sac qui contient le bagage de leur érudition. On conçoit que les demoiselles qui se destinent à élever des personnes de distinction, appelées à être dans le monde des princesses, des marquises, des comtesses, des lady, des reines même, doivent se former surtout et avant tout aux belles manières, car si lord Chesterfield écrivait sans cesse à son fils Slanhope que Marcel, son maître de danse, devait être son premier instituteur, il est facile de conclure de là que pour des personnes du sexe les grâces et une sévère tenue doivent être des éléments de réussite tout-5-fait indis- pensables; ce qui n'est que l'accessoire pour l'éducation d'une bonne bourgeoise devient presque le principal pour la noble héritière qui doit se distinguer par l'élégance de ses habitudes et les charmes de sa personne. Donc une jeune genevoise qui se destine à être institutrice doit avant tout saluer avec aisance et dignité, se tenir droite, se présenter convenablement, s'habiller avec goût et même avec recherche, son langage doit être pure, sa réserve exem- plaire ; voilà la base de son léger bagage; elle doit ensuite avoir des connaissances plus nombreuses qu'approfondies et le germe un peu développé de tous ces talents agréables qu'une demoiselle du grand monde peut fort bien ne pas posséder en plein, mais qu'il lui est interdit d'ignorer complètement. L'institutrice doit de plus gazouiller un peu d'anglais, ou bien roucouler quelques phrases italiennes. Sans qu'il lui soit défendu pourtant de s'exprimer correctement dans ces lan- gues surtout si elle est en destination pour les pays où elles sont parlées. Après avoir étalé les litres modestes, nécessaires pour ob- tenir le diplôme d'institutrices à l'étranger, on sera peu surpris sans doute de la foule de nos concitoyennes qui se l'adjugent sans examen et sans contestation; elles le peuvent