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                    SOKTCE DES LYONNAIS.                   287

pressentir un de ses anciens amis, habitant du village; cet
 ami s'appelait P.. L..., il était garçon et propriétaire d'une
petite maison située dans la paroisse. Ce brave homme nous
reçut avec cette franchise et ce courage qui ne calculent pas le
danger quand il s'agit de faire une bonne action ; nous dé-
jeunâmes avec lui, et nous allâmes après dans sa grange nous
 livrer au repos qui nous était si nécessaire.
    Sainle-A... est un village très-petit, dont les maisons sont
 très-éparses, l'esprit en est excellent ; tous les habitants, à
 l'exception d'un seul, étaient traités d'aristocrates par leurs
voisins. Leurs sentiments religieux, leur attachement à la
bonne cause les avaient déjà livrés aux plus violentes per-
 sécutions ; rien n'avait ébranlé leurs principes et rien n'éga-
lait leur courage ; aucune loi révolutionnaire n'avait pu
recevoir d'exécution chez eux ; pas un seul homme de réqui-
 sition n'avait voulu marcher aux frontières, et tous se te-
 naient cachés dans les bois, décidés à tout endurer, à périr
 même, plutôt que d'aller grossir les armées de la Républi-
que et de servir la cause du crime ; il y a peu d'exemples d'une
 pareille conduite et d'un dévouement plus courageux dans
 des circonstances aussi critiques de la part d'une poignée de
 cultivateurs placés au sein d'un pays livré tout entier à la
plus détestable anarchie. M. M. était le principal habitant de
 ce village et en était maire. Trois de ses fils avaient servi
 sous mes ordres pendant le Siège de Lyon, dans la cavalerie;
 ils s'y sont conduits de la manière la plus distinguée; j'aurai
 souvent à parler de cette respectable famille qui m'a fait
jouir de toutes les douceurs dont ma situation était suscep-
 tible.
   Mon premier soin, après avoir réparé un peu mes forces,
fut de prendre de mon hôte des renseignements sur le mou-
vement du pays, et de me procurer des vivres. J'appris que
l'on montait la garde dans tous les environs ; que les Lyonnais