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208 DE L'ÉGLISE, DE L'ÉTAT menés par l'idée. Quoiqu'on puisse dire, la société dans toutes ses phases ne fait autre chose que manifester une idée. Une nouvelle idée jetée dans le monde se traduit tôt ou tard par une nouvelle forme sociale , et les individus, malgré leurs efforts, sont aussi im- puissants pour arrêter cette réalisation de l'idée que chaque grain de sable ne l'est pour empêcher le germe d'enfoncer ses racines, de sortir de terre et de devenir un grand arbre. Toutes les fois qu'il y a lutte dans l'action, c'est qu'il y a division et incertitude dans les pensées , et ce ne sont point des invectives de parti , mais une solution vraiment philosophique des problêmes qui tourmentent la société, qui peuvent ramener la certitude qui engendre la paix. Transportons donc la question dans ce domaine de la pensée où se règlent les destinées du monde, dans cette région calme et se- reine de la raison , qui domine les orages des passions , où s'ou- blient les haines, où s'embrassent ceux qui se disaient ennemis, où se nouent tous les liens de la société humaine : j'espère que le lec- teur voudra bien me suivre dans cette région si stérile en appa- rence, si fertile en réalité. C H A P I T R E I. § I. DU PRINCIPE FONDAMENTAL DE LA PHILOSOPHIE, OU DE L'UNITÉ ET DE LA VARIÉTÉ. Il est difficile au milieu de toutes les variations de la philo- sophie de trouver quelque chose de fondamental et de fixe, quelque chose que tous puissent admettre, qui puisse devenir la clef de voûte, le centre où tout se rend, le point où toutes les opinions peuvent remonter comme à leur commune ori- gine et s'entendre pour un traité de paix. Cependant si l'on examine attentivement, on verra que, au fond, toutes lesphilosophies, tant anciennes que modernes, ont le même point de départ, qu'elles posent toutes le même pro- blème, et poursuivent le même but. Ce point de départ, c'est l'unité et la variété ; le problème, c'est de découvrir les rap-