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176                    ROME AC SIÈCLE DACGOSTE.
l'emportera en libéralité, et celui qui donne le moins se croit
à plaindre. Chaque jour ce sont des fruits, du gibier, des gâ-
teaux , un superbe turbot, des vins rares, des volailles , un
sanglier magnifique, tous reçus en cadeau, ou achetés au
marché, ou récoltés chez les donataires, parmi lesquels,
chose incroyable, on trouve des gens déjà riches qui se
tourmentent et se déshonorent ainsi pour augmenter une
richesse dont ils semblent craindre de jouir. » Auprès des
femmes surtout se multiplient les soins perfides du capta-
teur. Quels manèges! et quelles scènes! Ah! il faut en étu-
dier chez M. Dezobry l'enchaînement et la hideuse gradation.
Comment de telles mœurs n'ont-elles pas suscité dans Rome,
ou la verve de gaîté moqueuse et profonde d'un Molière , ou
l'implacable et flétrissante ironie d'un Beaumarchais ! Il est
vrai que la satire y a presque pourvu par le génie d'Horace
et de Juvénal.
   Etes-vous fatigué du chapitre où il est parlé des délateurs;
votre imagination s'est-elle assombrie devant ces cruelles et
sourdes accusations qui ruinaient si vite, avec de petits bruits,
la fortune et l'existence d'un citoyen (1) , ouvrez cette lettre
légère et railleuse qui vous fait assister à toutes les recher-
ches de la gastronomie romaine (2) , aux gigantesques folies
de la table des Lucullus et des Apicius.
   Tournez quelques feuillets, et vous rencontrez les méde-
cins de Rome (3), utiles autant que les noires. Vous y verrez
qu'un moyen fort en usage pour se faire une réputation ,
consistait à inventer un système de médecine, ou simplement
quelque remède nouveau. J'ai dit qu'il était question des mé-
decins de Rome ; l'on ne saurait s'y méprendre.
   Ailleurs, ce sont les parasites (4), éternels comme les gastro-
nomes , les nouveaux remèdes et les nouveaux systèmes.
   Plus loin, apparaissent les mendiants (5), qui ont avec les
parasites de si frappantes analogies, et dont la ville aux sept
collines recelait des troupes innombrables, aussi rusés et plus
barbares que les modernes Bohémiens. Quel spectacle que
celui de ce paupérisme romain , dont M. Dezobry étale à vos
yeux les plaies affreuses et les dévorantes industries!
   Par un coup de son art, l'écrivain vous transporte bientôt
dans une autre sphère. Au-dessus de celte tourbe triste et


  ( 0 T. iv , p. 263. —(a) T. t , p. 33a; .v , p, /,5ïi.—(3) T. m , p. 477.
— (3) T. 11, p . 4 7 . — (5) T. ii, p . 180. —-