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84 OE l/ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE cause dont les défenseurs remporteront tôt ou tard la vic- toire (1). Quelques chapitres de cette philosophie de la réalité ont déjà été traités par Fichte d'une façon qui assure à ce pen- seur l'approbation de tous les hommes sages et religieux. La philosophie de la religion a été de tout temps une des études de prédilection du célèbre philosophe de Tubingue. Par tout ce qu'il a écrit sur ce sujet important, cet auteur s'est acquis une gloire durable. La personnalité de Dieu et la permanence éternelle de notre moi sont les deux idées lumineuses qui le guident. Émanciper la religion de la lyrannique domination qu'exerçait sur elle encore hier une science décidément irré- ligieuse, telle est la vocation à laquelle cet écrivain se sent appelé, et c'est bien là une vocation glorieuse. Nous ne nous étendrons pas sur les Fragments thèologiques dans lesquels Fichte, au début même de sa carrière, proclamait déjà ces grandes vérités, dédaignés par l'orgueil du siècle. Ce penseur lui-môme n'approuve plus aujourd'hui tous les détails de cet écrit beaucoup trop fidèle au procédé de Hegel. Nous ne par- lerons pas non plus d'une foule d'articles, la plupart sur des sujets de théologie spéculative, insérés par Fichte dans divers journaux, et qui tous ont efficacement contribué à répandre des idées saines et profondes. Il suffira, pour faire apprécier le mérite théologique de Fichte, de citer le livre intéressant qu'il a publié, il y a dix ans, sur l'idée de la personnalité et la permanence de l'esprit humain. Après avoir démontré que Hegel, s'il a été conséquent avec lui-même, a nécessairement dû rejeter cette grande vérité, indestructible dans ce monde périssable, il réfute ceux qui prétendent néanmoins fonder (i) La première moitié de la Philosophie de la Religion de Fichte vient de paraître (Heidelberg 1846). Elle justifie les espérances que nous en avions conçues.