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DE h A PRIÈRE. 549 Celui qui n'aime pas ne voit donc pas qu'il se détache de la substance, qu'il se relire de l'être.... Si l'homme se relire de l'être, il peul aussi y rentrer. C'est en cela que la liberté a sa réalités L'existence ne lui a pas été jetée comme l'alternative violente d'un seul oui ou d'un seul non prononcé. La vie n'est composée que d'autant d'instants qu'il est de nouveau offert à la liberté l'occasion d'aimer ou de n'aimer pas. Chaque seconde du temps n'est qu'un nouvel appel vers l'infini. Domaine de la liberté, la création n'est essentielle- ment qu'un ordre de réparation : il faut qu'on y puisse sans cesse revenir sur ce qu'on a mal fait, et sans cesse ré- parer ce mal survenu en l'être. C'est là le bénéfice du relatif. Si la vie n'était pas faite pour que sans cesse la liberté se reprenne ; et si la Religion n'était pas de sans cesse effacer le mal, pour sans cesse res- tituer à l'être libre la purelô de son vouloir, je ne recon- naîtrais point là la vie, non plus que la Religion ! Le relatif a devant lui une lulle éternelle.... Qui n'a senti sa conscience et gémir et se déchirer ! Qui n'a senti l'ou- til de feu traverser son âme, et son cœur voler en éclats !.. Ainsi notre liberté taille, avec le dur marteau du temps, la pierre vivante de l'édifice infini de Dieu. Ah ! la création consiste précisément à ne pas être l'im- muable ; sans quoi elle eût fatalement repris à l'homme la faculté qu'elle donnait. Créé libre, je veux l'être ; et, comme le soleil, m'élancer pur à chaque aurore pour me créer un jour nouveau ! Le lemps n'est essentiellement que le principe de la r é - vocabilité appliqué à la créature qui se forme. C'est là le grand caractère et la profonde vertu du temps. Nous ne som-