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534 DE LA PRIÈRE. les plus beaux sentiments prennent le haut, l'enthousiasme répand son souffle, la circulation du divin descend jusqu'au fond de nous-mêmes, les vertus s'accroissent, l'homme de- vient bon et fort... le moi s'efface, le cœur se grossit. La prière ne fût-elle pas exaucée, la prière, dis-je, n'eùt-elle aucun effet ontologique, elle devrait être recom- mandée pour son effet psychologique. Je la considère comme donnant le caractère le plus artistiquement beau à l'âme hu- maine; beau, de ce beau de l'infini. Heureux fait que nous avons le pouvoir de renouveler tous les jours! Il faut inviter vivement les hommes à la prière, afin que les hommes de- viennent beaux dans leur âme Ah! quel charme profond de tendre sans cesse vers l'existence la plus élevée... Tenez toujours bien votre esprit avec Dieu ; il n'y a de doux que le cœur qui repose en lui ! L'âme qui n'est pas dans cet amour, fût-elle à la plus belle créature, a quelque chose de repoussant pour l'œil attentif du cœur. Avant de finir, observons-le bien, la prière est un mou- vement de l'homme qui a son retentissement jusque dans l'éternité. La prière est un acte de la volonté humaine qui a son origine ici-bas, mais son effet en Dieu. Car les lois de l'amour, sur lesquelles Dieu est constitué, lui font un be- soin absolu de se soumettre à l'action de la prière. Produi- sant un semblable effet, il est évident que la prière nous donne un pouvoir sur les sources éternelles de l'existence.... Voilà ce que c'est que de tenir à l'être ! Ah ! j'avais toujours compris que l'absolu ne s'était pas en vain communiqué. Si l'esprit ne restait troublé devant cet abîme de tendresse di- vine, et qu'il fût permis d'employer le sot langage de la terre, on s'écrierait que la prière a conféré à l'homme un droit de propriété dans les domaines de l'Absolu. Il faut donc bien le dire, comme il suffit à la liberté de