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DE LA PRIÈRE. 511 Aussi, vis-à -vis de l'ordre absolu, l'humilité la plus par- faite, est-elle le moyen le plus puissant qu'il y ait d'attirer en nous la vie spirituelle. L'humilité n'est qu'un aveu de notre misère spirituelle devant l'amour infini, qui n'attend pour nous transmettre la vie que le moment où nous reconnaîtrons notre besoin, afin que par là notre liberté soit sauvée et que nous puissions obtenir une grâce méritoire et profitable. « Dieu révèle ses secrets à l'humble, dit le pieux auteur de l'Imitation, il l'attire doucement à lui. La vraie humi- liation du cœur est la source du recouvrement de la grâce ; c'est par elle que Dieu et l'âme pénitente se rencontrent pour se donner un saint baiser. » Or l'humilité est l'état de la prière, et la prière est l'acte par lequel l'ame tend à se rattacher à l'absolu. Au sein des choses, l'homme, c'est le relatif à côté de l'exis- tence absolue, par laquelle tout subsiste. Il est créé avec la faculté d'attirer en lui, jusqu'à ce qu'il en ait rempli son ame, les propriétés dont l'ensemble constitue la nature de Dieu. Relatif, l'homme est en quelque sorte comme un système d'organes d'absorption spirituelle, au moyen duquel la na- ture divine, d'une part, prête à répandre ses dons, et la na- ture humaine, d'autre part, désireuse de les recevoir, les attire en elle par la prière et par les sacrements. Il se fait au moyen de la prière une transfusion sublime par laquelle les attributs de l'infini, et la vie même de l'ab- solu, passent dans l'être créé et le constituent de plus en plus semblable au premier. De là , s'établit entre eux un rapport de conformité qui rend impossible désormais leur séparation lorsqu'à l'expiration du corps, l'âme quittera ces lieux. C'est ce rapport de conformité que demande l'Évangile: Estoteper- fecti sicut pater vesler. Les sciences naturelles nous montrent, au milieu des cabi-