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LES SEPT PÉCHÉS MORTELS. 483 Il ne veut ni plaisir, ni parents, ni patrie; Malheureux a cœur fendre, il a tout à merci ! Un beau jour, desséché de faim, de froid transi, Il recompte son or, le pèse et l'apparie, Quand sa main se desserre, et qu'une voix lui crie ; « Holà ! drôle! un moment! n'emportons rien d'ici! » « Ouvre la main 1 la main rapace et convulsive « Qui, palpant chaque écu d'une étreinte lascive, « Pièce à pièce, dans l'ombre empilait le remord ! « L'autre à présent ! la main gorgée outre mesure « Des larmes de la veuve et des gains de l'usure ! « L'autre ! l'autre !.. Harpagon, crois-tu voler la mort? « INVIDIA. Nous avons du serpent la haine et l'oeil oblique, Et le venin mortel, et le pas sinueux ; Malheur à qui veut fuir notre niveau boueux ! Nous tuons son essor d'une dent colérique! Serions-nous donc marqués au sceau diabolique? Et, damnés sans retour, déshérités des cieux, Saurions-nous que jamais sur nos reins tortueux La gloire ne fera pousser l'aile angélique ? Mais non ; chacun de nous aspire au noble vol. 0 jaloux! laisse donc l'aigle quitter le sol, Et, luttant de désir, gagne avec lui les nues!