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 468                   LES QUAIS DE LA SAÔNE
grettez la vue de sa belle apside romane , masquée si impitoyable-
 ment par deux énormes bâtisses que l'autorité a eu le vandalisme
de laisser construire, en dépit d'un acte capitulaire des nobles
 comtes, par lequel il était défendu d'élever autour de la métropole
des maisons de plus d'un étage.
    Derrière l'imposante église, bronzée par neuf siècles, s'échelon-
 nent de gracieuses villas, des jardins suspendus, de nombreux cou-
vents, des arceaux entremêlés de verdure, puis, dominant le tout,
l'Observatoire et la Chapelle de Fourvière. Ce modeste oratoire
 s'aperçoit de tous les quartiers de Lyon, des Terreaux comme de
 Bellecour, des rives populeuses de la Saône comme des bords aus-
 tères du Rhône. « Le négociant, dans ses magasins sur les quais;
 l'artisan, dans ses ateliers à la Croix-Rousse; le batelier, sur les fleu-
ves; le pauvre,sur les places publiques; le laboureur, dans les campa-
 gnes voisines, ne peuvent élever les yeux vers le ciel sans rencon-
 trer le clocher de Notre-Dame-de-Fourvière, sans mêler à leurs
vœux le nom d'une douce et puissante médiatrice. C'est le premier
 monument que salue le voyageur en entrant à Lyon; le premier ob-
jet qu'une mère montre de loin à son enfant, dès que son oreille
s'ouvre au nom de Marie ; e t , par une touchante disposition de la
 piété des Lyonnais, c'est encore le dernier sanctuaire que rencontre
le serviteur de la Vierge, lorsque le cortège funèbre de la religion
 et de ses amis va confier ses dépouilles mortelles à la terre. »
    Cette chapelle, ainsi poétisée par son historien, M. l'abbé Cahours,
est le but constant de pieux pèlerinages. Elle s'élève sur rem-
placement du vieux forum de Trajan, qui s'écroula en 810 ; elle en
garde le souvenir dans son nom de Fourvière (Forum vêtus). On
y voit encore des restes d'aqueducs en différents endroits, un théâ-
tre romain enfoui sous une vigne, une conserve d'eau et les bases
du palais des Empereurs, dans une maison appelée l'Antiquaille, à
cause des nombreux morceaux d'antiquité qu'on a trouvés dans son
sol. L'ancien palais est, à cette heure, un hospice de fous. Trois
églises voisines dont on voit les clochers à travers la verdure et les
accidents du coteau, rappellent les noms de nos plus glorieux mar-
tyrs, saint Pothin, saint Just et saint Irénée. Sur cette pittoresque
colline s'étageait autrefois la colonie romaine. Sous le nom de Lug-