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MO                   BULLETIN MONUMENTAL
les hommes des régions plus tempérées, elles s'exercèrent plus dans
l'imagination et la tête que dans le cœur, elles ressemblèrent plu-
tôt à une sensation qu'à un sentiment. Voilà pourquoi les hommes
du nord ne se sont point contentés des formes païennes modifiées
pour leurs églises, voilà pourquoi ils ont deviné une merveilleuse
architecture, toute idéale pour ainsi dire, où la pierre est comme
spiritualisée, architecture conforme à leur manière de comprendre
la religion du Christ; voilà pourquoi ils ont renchéri sur le symbo-
lisme, préféré la verrière peinte à la mosaïque, inventé une orien-
tation spéciale pour les églises, orientation inconnue à Rome, et qui,
consacrée par l'usage, devint chez eux vraiment liturgique. Lyon,
la ville de France la plus sérieuse par ses mœurs et celle où il se
fait, en tous les genres, le plus de choses sérieuses, Lyon se trouve
dans les plus heureuses conditions géographiques et morales pour
allier la splendeur du culte oriental à la gravité du nord, et sa
sainte église est la seule du monde catholique qui, par ses cérémo-
 nies et ses traditions, ait voulu constamment remonter au berceau
 de ses fondateurs. Après elle, viennent les églises de Milan et
 de Ravenne qui sont aussi restées assises, liturgiquement parlant,
 aux portes de l'orient, mais n'ont conservé que l'ombre affaiblie de
 son culte.
    Nulle église donc en France, comme ailleurs, n'a gardé les usages
 propres à celle de Lyon, ce langage sévèrement et exclusivement
 dogmatique, ce culte byzantin et hiératique qui rappelle qu'en
 orient l'idée de la plus haute magnificence fut toujours unie à celle
 de la plus haute gravité et au mystère. Et, admirable réaction du
 culte sur les hommes apostoliques qui l'exercent, nul clergé au
 monde n'a et ne sait inspirer à ses auxiliaires même les plus in-
 times, à tout ce qui l'entoure, cet aspect liturgique, cette quiétude,
 cette sérénité, cette modestie, cette profonde conviction du regard,
 cette candeur patriarchale de lafigure,ce calme de la démarche, cet
 ineffable recueillement que nous ne pourrions trop exalter.
    Ces digressions sont un peu longues; mais, sans elles, ou eût
 compris moins bien ce que nous allons dire des basiliques et de la
 liturgie de Lyon. Depuis la publicalion du dernier bulletin, en mai
 1846, beaucoup de choses monumentales lyonnaises ont changé de